Publié le 22 janvier 2019

GOUVERNANCE D'ENTREPRISE

[Infographie] En 2018, les inégalités se creusent, les dirigeants regardent ailleurs, alerte Oxfam

Alors que s’ouvre le Forum économique mondial de Davos qui rassemble le gotha du monde politique et économique, Oxfam alerte sur les inégalités de plus en plus criantes entre les plus riches et les plus pauvres. La fortune des milliardaires de la planète a augmenté de 12 %, soit un gain quotidien cumulé de 2,2 milliards d'euros. La richesse de la moitié la plus pauvre de la population mondiale - soit 3,8 milliards de personnes – a elle chuté de 11 %.

Selon Oxfam, le manque d'action des gouvernements contre les inégalités accentue les inégalités de genre, pénalisant particulièrement les femmes et les jeunes filles notamment en matière d'éducation.
@akshayapatra/pixabay

En 2018, le fossé entre les plus riches et les plus pauvres a continué de se creuser. 26 personnes disposent désormais d'autant d'argent que les 3,8 milliards les plus pauvres de la planète. En 2017, ils étaient au nombre de 43, estime Oxfam dans un rapport publié le 21 janvier (1).

Dans un contexte où la taxation des plus grandes fortunes suscite des débats dans plusieurs pays, les chiffres de l’ONG font mouche. Et interpellent les dirigeants politiques et économiques réunit en ce moment à Davos pour le Forum Economique mondial. "La responsabilité des gouvernements est sans équivoque : loin de s'attaquer aux inégalités, ils les aggravent d'un côté en allégeant allègrement la taxation des grandes entreprises et des plus fortunés, et en renonçant à combattre l'évasion fiscale tandis que de l'autre, ils sous-financent les services publics, au détriment des plus pauvres et des femmes notamment", dénonce Pauline Leclère, porte-parole d'Oxfam France.

 

La révolte gronde

Après les Etats-Unis, la France est le pays qui a connu la plus forte progression de millionnaires en 2018. 8 milliardaires français possèdent autant que les 30% les plus pauvres. En revanche, en Afrique subsaharienne, l'extrême pauvreté a augmenté. À ce jour, 3,4 milliards de personnes survivent avec moins de 5 € par jour.

Comme chaque année, les chiffres d’Oxfam - qui se base sur les données publiées par la revue Forbes et la banque Crédit suisse- sont contestés par certains économistes (les statistiques ne sont pas les mêmes selon les pays, les données manquent dans certains autres, etc.). Des critiques recevables mais qui ne changent pas les données du problème.  

Chiffres des inegalites oxfam novethic 2

"Cela fait cinq ans qu’Oxfam tire la sonnette d’alarme sur ces dramatiques inégalités. La plupart des leaders politiques n’ont rien fait pour s’attaquer à cette urgence démocratique. Ce qui a changé, c’est la colère et la frustration de la population. Si ces inégalités extrêmes persistent, et les gouvernements continuent le 'business as usual', le sentiment de révolte grandira contre des politiques toxiques et clivantes", déclare Winnie Byanyima la directrice d’Oxfam International dans les colonnes de Libération.

La fiscalité au centre des inégalités

Au cœur de cette colère, la question de la fiscalité. "Le sentiment d'injustice est très fort aujourd'hui et il repose sur une réalité économique et sociale particulièrement grave. La fiscalité a été détournée de l'un de ses objectifs nobles et principaux : celui d'aider à construire une société inclusive, à rendre l'économie plus humaine », assure Pauline Leclère." Selon les calculs de l’ONG, sur un dollar d'impôt sur le revenu, seulement quatre centimes proviennent de la taxation de la richesse.

Pour tenter de redresser la barre, l’ONG dresse une série de recommandations comme la mise en place d’une fiscalité progressive pour les foyers et entreprises les plus aisés pour financer des services publics de qualité, la réduction des écarts de salaire dans les grandes entreprises oula lutte contre l’évasion fiscale. De quoi alimenter les réflexions du gouvernement français qui a fait de la réduction des inégalités le thème central de sa présidence du G7.

Béatrice Héraud @beatriceheraud

 

(1)   Consultez le rapport "Services publics ou fortunes privées" 


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