Publié le 05 mai 2020
GOUVERNANCE D'ENTREPRISE
Elon Musk récidive avec un tweet dévastateur et fait plonger le cours de Bourse de Tesla
Le cours de l’action Tesla a fait un grand plongeon le 1er mai. En cause, un tweet d’Elon Musk, le fondateur du constructeur de véhicules électriques, dans lequel il estimait la valorisation de l’entreprise trop élevée. Elon Musk n’en est pas à son premier tweet dévastateur et risque, une nouvelle fois, de déclencher la colère du gendarme américain des marchés financiers.

@Tesla
Pour Elon Musk, le cours de Bourse de Tesla est trop élevé. Et, une fois de plus, le fondateur du constructeur américain de voitures électriques a choisi de s’exprimer sur Twitter et non par les canaux traditionnels de l’information financière. Le titre de Tesla à Wall Street a immédiatement plongé vendredi, terminant la séance avec une chute de 10,3 % du cours de Bourse, après avoir dégringolé de plus de 13 % un peu plus tôt. Il demeure en hausse de plus de 65 % depuis le début de l'année.
La capitalisation boursière de Tesla, groupe fondé en 2003, est quasiment le double de celle de General Motors, Ford et Fiat Chrysler cumulée alors même que ces constructeurs vendent des millions de voitures par an. Tesla, de son côté, espère écouler un demi-million d'automobiles cette année, ce qui sera un record absolu.
Tesla stock price is too high imo
— Elon Musk (@elonmusk) May 1, 2020
Des actionnaires mécontents
"Le cours de l'action Tesla est trop élevé à mon avis", a écrit, le 1er mai, Elon Musk sur son compte Twitter, sans développer davantage. Il s’est immédiatement attiré les foudres de plusieurs de ses actionnaires, l’accusant avec ce tweet de leur avoir fait perdre une partie de leurs économies investies en actions Tesla.
Ce tweet est susceptible d'attirer une nouvelle fois l'attention de la Security and Exchange Commission (SEC), l'autorité des marchés financiers américaine, sourcilleuse sur la communication des informations ayant des conséquences sur l'évolution de la Bourse. Elle doit en effet veiller à ce que les investisseurs disposent tous d’une information claire sur la vie des entreprises dans lesquels ils investissent. La communication sur Twitter d’Elon Musk vient, une fois de plus, bousculer les pratiques.
Et le Sud-Africain est coutumier du fait. En août 2018, il avait déclaré sur Twitter qu’il disposait des fonds nécessaires pour retirer Tesla de Wall Street. Ce tweet avait provoqué un bras de fer homérique entre le chef d'entreprise et la SEC. Celle-ci estimait la déclaration d’Elon Musk trompeuse et avait lancé des poursuites contre l’entreprise et son dirigeant en raison des perturbations générées sur les marchés boursiers et du tort causé aux investisseurs.
Tweets sous surveillance
Après plusieurs semaines, ces poursuites se sont conclues par un accord amiable, obligeant Elon Musk à abandonner la présidence du conseil d’administration de Tesla, tout en restant dirigeant opérationnel. La SEC avait également demandé une surveillance renforcée des tweets du dirigeant. Début 2019, Elon Musk a pourtant relancé la polémique en affirmant, encore dans un tweet, une augmentation des chiffres de production annuels de Tesla. Il avait ensuite ironisé sur les mécanismes de contrôle du gendarme des marchés. La SEC s’était de nouveau emportée et l’accord initial a dû être amendé.
Celui-ci énumère désormais les sujets sur lesquels le fondateur de Tesla ne peut tweeter sans le feu vert au préalable du directeur juridique de la firme. La liste comprenait des informations sur la santé financière de l'entreprise, de potentielles opérations de fusions-acquisitions, les chiffres de production et de ventes des voitures, de nouveaux modèles d'automobiles, l'achat de titres et de produits financiers Tesla.
Pour les investisseurs, les tweets du 1er mai d’Elon Musk remettent en cause l’accord conclu avec le gendarme boursier. "Le tweet de Musk sur le cours de l'action est une information dans les standards de n'importe qui. Comment ceci peut ne pas être une violation claire de l'accord noué avec la SEC ?", a réagi aussitôt le célèbre financier américain Jim Chanos, spécialisé dans la vente à découvert.
Tout ceci n'a pas empêché Tesla de dégager un bénéfice net de 16 millions de dollars au premier trimestre. Une première pour les trois premiers mois de l'année depuis la création du groupe il y a 17 ans.
Arnaud Dumas avec AFP