Publié le 19 novembre 2014

GOUVERNANCE D'ENTREPRISE

Shell, GDF Suez et Samsung remportent les prix Pinocchio 2014

Le 18 novembre, 61 000 votants ont désigné Shell, GDF Suez et Samsung comme les mauvais élèves du développement durable. Ce vote était organisé par les Amis de la Terre, en partenariat avec Peuples Solidaires-ActionAid France et le Centre de recherche et d’information pour le développement (CRID). Les prix Pinocchio témoignent, selon ces associations, de "l’indignation croissante des citoyens face aux graves impacts sociaux et environnementaux des activités de multinationales".

 

 

Illustration prix Pinocchio 2014
© Les amis de la terre / CRID / ¨Peuples solidaires Actionaid

Prix "Une pour tous, tout pour moi" : Shell

Avec 43% des votes, Shell est désigné "haut la main" vainqueur de la catégorie qui dénonce "la politique la plus agressive en termes d’appropriation, de surexploitation ou de destruction des ressources naturelles". Sa nomination était particulièrement due à ses multiples projets de gaz de schiste dans le monde.

"Pour le développement des projets de sables bitumineux ou de gaz et pétrole de schiste utilisant la fracturation hydraulique, Shell met en œuvre 5 principes de fonctionnement ambitieux qui, selon nous, fournissent un cadre pour la protection des eaux, de l’air, de la faune et aux membres des communautés dans lesquelles nous opérons. (…) Shell est engagé dans un dialogue sérieux sur les questions liées à l’entreprise responsable, y compris la transparence financière et de la communauté et des sujets connexes sur l’environnement, et heureuse de pouvoir s’engager sur ces questions", répond le groupe.

 

 

Prix "Plus vert que vert" : GDF Suez

Avec 42% des votes, GDF Suez remporte le prix destiné à distinguer "la campagne de communication la plus abusive et trompeuse au regard de ses activités réelles". En cause, ses "obligations vertes" de 2,5milliards d’euros émises auprès d’investisseurs privés pour financer des projets énergétiques propres, mais dont les critères de sélections paraissent plus que flous aux associations.

"Nous sommes choqués par le procès d’intention qui nous est fait", a tenu à faire savoir GDF Suez dans une lettre destinée aux initiateurs du prix Pinocchio et publiée sur le site Business and Human Rights. "GDF SUEZ, engagé dans la transition énergétique et la lutte contre le changement climatique, a décidé d’émettre ce green bond destiné à financer des projets entièrement consacrés à l’atteinte de ces deux objectifs. Cette émission a été travaillée, et notamment les critères d’éligibilité des projets, avec l’agence de notation extra-financière Vigeo. (…) Il n’y a, à cette date, aucun projet retenu qui permette d’alimenter la polémique que vous exprimez. Cette liste des projets sélectionnés avec les critères détaillés définis avec l’agence Vigeo, et qui garantit la transparence du processus, sera rendue publique à la fin du premier trimestre 2015." L’entreprise y déclare vouloir entamer un dialogue avec les Amis de la Terre sur ce sujet. 

 

 

Prix "Mains sales, poches pleines" : Samsung

C’est Samsung qui est distingué, avec 40% des votes, dans cette catégorie dénonçant la politique "la plus opaque au niveau financier (corruption, évasion fiscale, etc.), en termes de lobbying, ou dans sa chaîne d’approvisionnement". Ce sont les conditions de travail "indignes" dans les usines qui fabriquent ses produits en Chine qui sont en cause, selon les associations: heures de travail excessives, salaires de misère, travail des enfants, etc. "Malgré des enquêtes et interpellations répétées de la société civile, et le dépôt d’une plainte en France, ce leader de la high-tech s’entête à nier ces accusations", soulignent-elles.

Un rapport de l’organisation non gouvernementale (ONG) China Labour Watch publié en juillet 2014 avait fourni des preuves de travail d’enfants dans une des usines de l’un des fournisseurs de Samsung. Le groupe avait mené une enquête sur le site et suspendu temporairement ses activités avec ladite usine au nom de sa politique de "tolérance zéro concernant le travail des enfants". Mais le groupe est régulièrement épinglé pour des violations du droit du travail.

Béatrice Héraud
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