Publié le 16 mai 2017
GOUVERNANCE D'ENTREPRISE
Un conseiller de Donald Trump soupçonné de conflits d’intérêts dans le secteur des biocarburants
Le conseiller spécial de Donald Trump, Carl Icahn, également investisseur milliardaire, est soupçonné d'avoir proposé une réforme du marché de crédits de biocarburants afin d'en faire bénéficier l'entreprise CRV Energy, dont il est l'actionnaire majoritaire. Huit sénateurs démocrates réclament une enquête fédérale.

Carl Icahn, conseiller spécial de Donald Trump, est soupçonné de conflits d'intérêts
Après Ivanka Trump, après Donald Trump, voilà que Carl Icahn, conseiller du président à la Maison Blanche est soupçonné de conflits d’intérêts. Le 9 mai, huit sénateurs démocrates ont envoyé une lettre adressée à trois régulateurs. Ils demandent aux agences fédérales de faire la lumière sur des soupçons de délits d’initiés, qui concerneraient Carl Icahn, conseiller spécial du Président sur les régulations fédérales mais également investisseur milliardaire.
Concrètement, l'Agence de protection américaine (EPA) impose aux raffineurs américains d'insérer de l'éthanol dans leur production ou d'échanger des certificats avec d'autres producteurs de biocarburants. Or Carl Icahn a proposé à Donald Trump de modifier les procédures d'échange de ces certificats. Quand bien même le conseil n'a pas été suivi, les cours de ces derniers ont été massivement affectés par cette proposition.
Selon les sénateurs démocrates, le raffineur CRV Energy semble avoir retardé ses opérations de vente et d'achat de ses certificats. Achetant au plus bas et revendant au plus haut, elle a tiré d'importants profits de la fluctuation des cours, de l'ordre de 50 millions de dollars selon le New York Times. Or le principal actionnaire de CRV Energy n'est nul autre que Carl Icahn lui-même.
Carl Icahn n'a "aucun rôle ou devoir officiel"
"M. Icahn a parié en 2016 que le prix des crédits de carburant renouvelables diminuerait. Il a alors – en tant que conseiller non rémunéré du président Trump – personnellement recommandé des politiques qui ont fait baisser le prix de ces crédits", résument les sénateurs démocrates. "Ces actions et les bénéfices énormes engendrés par M. Icahn soulèvent des questions claires quant à savoir s’il a peut-être enfreint les règles relatives aux conflits d’intérêts qui s’appliquent aux fonctionnaires".
Lors de la nomination de ce conseiller, Norman Eisen, ancien avocat spécialisé en éthique avait déclaré à la CNBC se "méfier" de cette situation qui "pouvait constituer une violation des conflits d’intérêts et d’autres lois, dont certaines pourraient engendrer une peine pénale". L’administration Trump se défendait en rappelant que Carl Icahn "contrairement à un employé du gouvernement, n’aura aucun rôle ou devoir officiel" et ne recevra aucune indemnisation. Sauf que son statut officiel est bien celui de conseiller spécial, il est donc soumis aux mêmes règles préventives de conflits d’intérêts que les autres employés du gouvernement.