Publié le 17 juillet 2014

GOUVERNANCE D'ENTREPRISE

Affaire BNP Paribas : la banque assume ses responsabilités auprès de ses clients

Avec 7 millions de lettres, adressées individuellement à chacun de ses clients français, BNP Paribas a adapté sa communication aux enjeux que fait peser sur sa réputation l’amende de 8,97 milliards de dollars infligée par les autorités américaines.

BNP lettre excuse Soudan embargo justice USA
L'une des 6 millions de lettres envoyées aux clients de BNP Paribas.
© Novethic

"Il était juste et important d’expliquer à nos 7 millions de clients ce qui s’est passé et les actions que nous avons prises pour que les erreurs commises ne se reproduisent pas." Ces propos sont ceux de François Villeroy de Galhau. Le numéro deux du groupe BNP Paribas, responsable des Marchés domestiques, gère également la politique de RSE (Responsabilité sociale des entreprises) de la banque.

"L’affaire dite des embargos américains est un évènement majeur pour la banque que nous assumons au plus haut niveau, explique François Villeroy de Galhau. Il ajoute : "C’est donc très naturellement que Jean-Laurent Bonnafé, notre directeur général, s’est adressé à tous nos clients pour leur donner un certain nombre d’informations. C’était d’autant plus important que nous avions été contraints au silence  dans la phase de négociation."

 

Reconnaissance de responsabilité et regrets

 

Le groupe a donc envoyé par courrier une lettre à chacun de ses 7 millions de clients français. Cette dernière a, par ailleurs, été mise en ligne et traduite dans toutes les langues pratiquées dans les pays où le groupe est implanté.

Sur deux pages, signées par le dirigeant du groupe Jean-Laurent Bonnafé et rédigées sur un ton personnel, la banque française assume ses erreurs passées, exprime ses regrets et explique qu’elle a pris des mesures pour que celles-ci ne se reproduisent pas. Si elle souligne que les dysfonctionnements et les pratiques contraires à l’éthique de la banque représentent moins de 1% de son activité totale, Jean-Laurent Bonnafé reconnaît qu’il "y a eu également certains défauts de vigilance et de réactivité et que ces problèmes n’auraient pas dû se produire".

 

Un mode de communication rare

 

Ce mode de communication est plutôt rare pour les entreprises. Confrontée à une crise majeure, BNP Paribas s’appuie sur les codes de la RSE : reconnaître l’existence d’un problème, en rendre compte et expliquer quelles solutions sont mises en place pour le résoudre. "Nous voulons être une banque responsable, précise François Villeroy de Galhau. Il était donc indispensable de reconnaître nos erreurs  et de rassurer nos clients en leur expliquant les grandes lignes du dispositif mis en place pour qu’elles ne se reproduisent pas." Le courrier dit simplement que les dispositifs de contrôle ont été très significativement renforcés et que les sanctions disciplinaires qui s'imposaient ont été prises. Sans plus de précisions. 

Selon l'établissemenent, "l’opération courrier" a reçu un accueil plutôt positif puisque la banque aurait enregitsré enregistré beaucoup de réactions spontanées de clients saluant la démarche. Reste à construire pour l’avenir des politiques d’investissement adaptées aux zones ultra-sensibles comme le Soudan. C’est notamment pour la violation de l’embargo américain dans ce pays que l’établissement a été sanctionné par la justice US. Le groupe BNP Paribas a d’ores et déjà mis en place des politiques pour des secteurs sensibles.

Elles définissent des standards en deçà desquels il n’investit pas. François Villeroy de Galhau précise que "la question des embargos frappant des pays comme le Soudan est différente de nos politiques ‘secteurs sensibles’ qui ne peuvent tout couvrir". Leur extension fait cependant partie des réflexions autour du renforcement des dispositifs de gestion des risques. Il en va de même du renforcement des équipes et règles de conformité.

 

 

Anne-Catherine Husson-Traore
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