Publié le 16 février 2018

GOUVERNANCE D'ENTREPRISE

Sous la pression de l'État, Carlos Ghosn, PDG de Renault, baisse son salaire de 30 %

Carlos Ghosn sera bien renouvelé à la tête du groupe Renault mais sous certaines conditions. Selon l'AFP, le PDG a accepté de baisser de 30 % son salaire sous la pression de l'État, actionnaire du groupe. Reste à savoir si cette baisse concerne l'ensemble de sa rémunération chez Renault, soit 7 millions d'euros, ou seulement son salaire fixe qui est évalué à 1,25 million. 

Carlos Ghosn a été renouvelé à la tête de Renault le 15 février dernier.
Renault/Olivier MARTIN-GAMBIER

Carlos Ghosn rempile. Le conseil d'administration de Renault a validé le 15 février un nouveau mandat au PDG, également président de Nissan et Mitsubichi. "Le conseil d'administration a décidé de proposer le renouvellement du mandat d'administrateur de Monsieur Carlos Ghosn qui sera soumis à l'Assemblée générale des actionnaires le 15 juin 2018", écrit le groupe dans un communiqué, qui a également "renouvelé sa pleine confiance à Monsieur Carlos Ghosn en tant que PDG de Renault et PDG de l'Alliance", constituée de Renault, Nissan et Mitsubichi.

Une baisse de 30% du salaire 

L'État, actionnaire du groupe à hauteur de 15 % et au droit de vote double, s'est positionné pendant des années en leader de la fronde en refusant la rémunération du PDG. Une fois n'est pas coutume, il lui a cette fois donné sa confiance. "L'État a voté la rémunération de Carlos Ghosn puisqu'il a accepté une diminution de son salaire de 30 %", a ainsi expliqué Bruno Lemaire, ministre de l'économie, interrogé par l'AFP, sans préciser si cette baisse concernerait l'ensemble de sa rémunération soit 7 millions d'euros ou son salaire fixe environ 1,25 million d'euros.

Au total, grâce à son poste chez Nissan, Carlos Ghosn touche 15 millions d'euros annuellement. À titre de comparaison, la rémunération médiane d'un PDG du CAC 40 avoisine plutôt les 4,3 millions d'euros.

Première fois en trois ans que l'État approuve la rémunération du PDG

"C'est la première fois depuis trois ans que l'État approuve la rémunération de Carlos Ghosn", a expliqué Bercy. En 2016, 54 % des actionnaires avaient refusé la rémunération de leur dirigeant. Mais le vote était alors simplement consultatif. En 2017, alors que le vote était devenu contraignant à la suite de l'adoption de la loi Sapin 2, les actionnaires avaient validé à 54 % la politique de rémunération du groupe.

Renault avait en effet concédé l'annulation d'un bonus annuel différé sur plusieurs années ainsi qu'une baisse du pourcentage du variable. Mais au total, la baisse ne représentait que 2 % des revenus du dirigeant, évaluait alors pour Novethic Loïc Dessaint, directeur de Proxinvest, cabinet de conseil auprès des investisseurs.

En cas de vote négatif, il aurait perdu ses variables 

Et même si les actionnaires, en 2017, avaient refusé la rémunération de Carlos Ghosn, elle n'aurait en réalité pas changé. La loi Sapin 2 prévoyait qu'en cas de rejet la rémunération antérieure demeure. Un vœu des parlementaires qui voulaient éviter un vide juridique lors de la première année d'application de la loi. Or les émoluments de Carlos Ghosn n'avaient pas évolué entre 2016 et 2017.

Cette année par contre, le PDG était réellement en danger. En cas de vote négatif, il aurait perdu ses rémunérations variables ou exceptionnelles. Celles-ci peuvent atteindre 150 % du salaire fixe et, selon Proxinvest, chez Renault, "les critères de performances sont établis au rabais", de sorte que "la rémunération variable de Carlos Ghosn est presque toujours assurée".

Marina Fabre @fabre_marina


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