Publié le 27 avril 2017
GOUVERNANCE D'ENTREPRISE
A l’Assemblée générale de Vivendi, Vincent Bolloré contesté mais intouchable
Lors de l’Assemblée générale de Vivendi, mardi 25 avril, Vincent Bolloré a été renouvelé à la tête du conseil de surveillance à 82%. Ce score faible sonne comme un avertissement. De plus, 12 des 25 résolutions soumises au vote des actionnaires ont été contestées, notamment sur la rémunération des administrateurs et la gouvernance d’entreprise.

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L’Assemblée générale de Vivendi, qui s’est tenue le 25 avril à l’Olympia à Paris, a été houleuse. Les actionnaires devaient se prononcer sur 25 résolutions. Ce vote était d’autant plus important qu’il est, depuis la loi Sapin 2, devenu contraignant. Vincent Bolloré n’y a été renouvelé en qualité de président du Conseil de surveillance qu’avec 82% des suffrages exprimés.
"Je ne me souviens pas d’avoir vu un président de conseil de surveillance renouvelé avec un taux aussi bas", affirme Loïc Dessaint, spécialiste du conseil en exercice du droit de vote. La société de conseil Proxinvest, dont il est le directeur général, ainsi que l’ISS (Institutional Shareholder Services) avaient fait part, quelques jours auparavant, de leur opposition sur plusieurs résolutions, notamment le renouvellement de Vincent Bolloré. "Nous critiquons le fait qu'avec 20% du capital, Vincent Bolloré, ait la mainmise sur le conseil", a souligné à l'AFP Charles Pinel, associé de la société Proxinvest.
L’avertissement des actionnaires minoritaires
Les sociétés s’opposent aussi à la cooptation de son fils, Yannick Bolloré, en qualité de membre du Conseil de surveillance. Là aussi, les petits actionnaires sont montés au front. La résolution n’a été entérinée qu’à 71% des voix. Soit seulement un peu plus des deux tiers de voix nécessaires pour valider la résolution.
La question de la rémunération des principaux collaborateurs de Vincent Bolloré n’a pas non plus fait l’unanimité. Entre 2015 et 2016, leurs salaires fixes ont augmenté de 33 à 41%. Pour Vivendi, il s’agissait d’un "rééquilibrage entre le salaire fixe qui a augmenté, et le salaire variable qui a baissé". Un argument qui n’a pas convaincu. La rémunération du Président du Directoire, Arnaud Puyfontaine, a ainsi été validée à seulement 74%, celle de Frédéric Crépin, membre du directoire à 76% et celle de Stéphane Roussel à 74%. Ces taux avoisinent habituellement les 95%.
Contrôle "exclusif" de Vincent Bolloré
La contestation est forte mais pas assez pour faire barrage à Vincent Bolloré qui détient 20,65% du capital de Vivendi et 29% des voix grâce aux droits de vote double permis par la loi Florange. Compte-tenu du faible taux de participation, Vincent Bolloré était en position de force lors de l’Assemblée générale. "Il est frappant que Vincent Bolloré soit aussi calme et serein alors que le niveau de contestation est exceptionnel ! Ce n’est pas sain de laisser le contrôle d’un groupe à un actionnaire minoritaire", estime Loïc Dessaint qui calcule que "sans les voix de son père, Yannick Bolloré n’entrait pas au conseil de surveillance".
Début avril, Vincent Bolloré lui-même avait notifié à Bruxelles son contrôle exclusif sur le groupe. Contrôle validé, mardi 25 avril, par la Commission européenne.