Publié le 14 septembre 2017
ENVIRONNEMENT
Du glyphosate retrouvé dans les céréales, les pâtes et les légumineuses
Le glyphosate est omniprésent dans notre alimentation. L'ONG Générations Futures a passé au crible une trentaine d'aliments (légumineuses, céréales, pâtes...) et a détecté, dans plus de la moitié des échantillons, des résidus de l'agent actif du désherbant le plus vendu au monde, le Roundup. Aucun taux de concentration ne dépasse les normes autorisées mais la présence de ce pesticide, classé cancérogène probable, dans l'alimentation pose question.

C’est une étude inédite en France qu'a menée Générations Futures. Dans un rapport, publié ce jeudi 14 septembre, l’association a fait tester 30 aliments susceptibles de contenir des traces de glyphosate, agent actif du désherbant le plus vendu au monde, le Roundup. 53,3 % des échantillons analysés contiennent des résidus de cet agent chimique. Des résultats qui confirment les premières pistes de l’étude, publiées en exclusivité sur Novethic en juin dernier.
On retrouve ainsi des résidus de ce pesticide, classé cancérogène probable par le CIRC (Centre international de Recherche sur le Cancer), dans les Müesli sans sucre de Alpen Suisse, les lentilles blondes de Leader Price, plusieurs céréales de la marque Kellogg's, ou encore les linguines et farfalles de Garofalo...
"Il faut que les pouvoirs publics élargissent la recherche"
"Les résultats nous ont surpris", avoue François Veillerette, porte-parole de Générations Futures. "Le glyphosate est toujours passé sous le radar des études car les techniques pour le détecter coûtent cher et sont compliquées. Habituellement, les études portent sur des centaines de pesticides et concluent à 40 % d’aliments "contaminés". Or, avec le glyphosate seul, on est à 53,3 % !", alerte François Veillerette.
Un pourcentage élevé mais qui n’a été testé que sur un petit échantillonnage d’aliments. "Le but de notre étude est d’alerter les consommateurs, et surtout que les pouvoirs publics prennent conscience de l’importance de mener une étude plus vaste sur la présence de glyphosate dans l’alimentation", explique le porte-parole de l’association.
Pas de dépassement des limites maximales autorisées
Les taux de résidus détectés aujourd’hui ne comportent pas de risques pour la santé car aucun ne dépasse les limites maximales autorisées. Les concentrations trouvées varient entre 40 microgrammes par kilogramme pour une céréale du petit-déjeuner et 2 100 microgrammes pour les lentilles sèches. Mais "les seuils trop hauts, ils sont calculés pour qu'on ne les dépasse pas", estime François Veillerette.
Cette étude permet aussi d’expliquer la présence de glyphosate dans les urines de la totalité des 30 volontaires testés en avril dernier par Générations Futures. Lors de ce test, la concentration de glyphosate explosait les normes autorisées. La quantité retrouvée était en moyenne de 1,25 microgramme par litre, soit "12,5 fois la concentration maximale admissible pour un pesticide dans l’eau", comparait l’association.
La France votera contre une prolongation d'autorisation du glyphosate en Europe
Pour François Veillerette, pas de doute, les nouveaux résultats trouvés plaident en faveur d’une position ferme de la France sur une nouvelle homologation du glyphosate dans l'Union européenne. Pour rappel, en juin 2016, la Commission européenne avait prolongé de 18 mois l’autorisation de ce produit. Le 31 août dernier, Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, a publiquement affirmé qu’il voterait contre une prolongation de 10 ans du glyphosate en Europe, une décision soutenue par le Premier ministre, Édouard Philippe. Le vote est prévu le 6 et 7 octobre prochain.
"Nous ne pouvons qu’être satisfaits de cette décision", avance Générations Futures au contraire de la FNSEA, Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles, qui fustige une décision "brutale". "Il faut envisager une sortie en douceur. Mais une interdiction totale et brutale tant qu’il n’y a pas d’alternatives n’est pas possible", affirme la présidente du syndicat Christiane Lambert.
Le glyphosate est présent dans un huitième des pesticides (en volume) utilisés par la France. Mais "les industriels ont largement eu le temps de trouver des alternatives", assure François Veillerette contre l'avis du syndicat. Grâce à la déclassification de plus de 250 pages de correspondances internes de Monsanto par la justice américaine, on sait que la firme agrochimique, producteur du Roundup, était au courant du caractère mutagène du glyphosate depuis 1999. Il a d'ailleurs tenté d'étouffer l'affaire en commandant une étude pour convaincre les régulateurs de la non dangerosité du glyphosate.
Marina Fabre @fabre_marina