Publié le 08 juin 2017
ENVIRONNEMENT
Du glyphosate détecté dans nos assiettes
Du glyphosate dans les pâtes, les céréales, les biscottes… Voilà ce que révèlent les analyses de l’émission helvète ABE, À Bon Entendeur. Des conclusions qui coïncident avec les premiers résultats d'une étude en cours de l’association Générations Futures. Elle montrerait des traces de ce perturbateur endocrinien dans nos légumineuses et céréales. Le glyphosate est l'agent actif du Roundup, le pesticide le plus vendu au monde produit par Monsanto.

Du désherbant, classé cancérogène probable par l’organisation mondiale de la Santé (OMS), détecté dans nos aliments. L’émission helvète ABE, À Bon Entendeur, a passé au crible une vingtaine d’aliments que les Suisses mangent "quotidiennement comme des pâtes ou des biscuits". Le but était de vérifier s’ils contenaient des traces de glyphosate, un perturbateur endocrinien qui entre dans la composition du pesticide Roundup. Surprise, dans six des seize aliments testés, des résidus du composé chimique ont été retrouvés.
Parmi eux, les "Penne rigate" de Barilla détiennent un taux de glyphosate de 30 ppb (parts par milliard) et les céréales multi-cheerios de Nestlé atteignent 111 ppb. Les taux sont très faibles mais la présence de ce pesticide est bien réelle. Contacté par Novethic, Nestlé se défend : "Nos céréales pour petit-déjeuner peuvent être consommées en toute sécurité". Et l'entreprise rappelle que les limites maximales de résidus (LMR) sont fixées par la Commission européenne après évaluation de l'Autorité européenne de sécurité des aliments.
En France, du glyphosate dans les céréales et légumineuses
Les Suisses ne font pas figure d’exception. L’association Générations Futures annonce à Novethic être en train de tester plusieurs aliments, cette fois en France. "Nous avons trouvé du glyphosate dans plusieurs légumineuses et céréales", affirme François Veillerette, porte-parole de l’association environnementale. Les taux n’ont pas encore été publiés mais certains aliments contiennent du glyphosate "en quantité importante".
Déjà en octobre 2016, l'association avait passé au crible plusieurs marques de muesli, des céréales du petit-déjeuner. 100% des échantillons non bio analysés contenaient des résidus de pesticides. Ensuite, début avril, elle avaient publié l’analyse d’urine de 30 volontaires. 100% des échantillons contenaient du glyphosate en grande quantité : 1,25 microgramme par litre en moyenne, soit "12,5 fois la concentration maximale admissible pour un pesticide dans l’eau", précisait l’association.
Est-ce dangereux pour la santé ? "Difficile à dire…", explique François Veillerette. "Cela dépend des individus, de leur âge, des autres composés chimiques absorbés… Notre approche est plutôt de dire que ces produits sont dangereux car potentiellement cancérogènes et qu’on ne doit pas courir le risque. Le principe de précaution prévaut".
L'Europe relance la procédure d'autorisation
La semaine dernière, la Commission européenne devait proposer aux États membres une nouvelle autorisation pour 10 ans du glyphosate. Mais faute d’accord entre les pays, le vote a été repoussé. Récemment l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) a ainsi estimé qu’il n’était pas cancérogène. Mais plusieurs associations reprochent à l’agence de faire reposer son expertise sur des études fournies par les industriels producteurs de l’herbicide. Elles mettent en avant le travail du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), qui l’a classé comme cancérogène probable.
Marina Fabre @fabre_marina