Publié le 23 mai 2019

ENVIRONNEMENT

[Vidéo] Le sable est surexploité et c’est une catastrophe environnementale, selon l'ONU

Il est partout. Dans les infrastructures, les ponts, les routes, le verre, les cosmétiques... Le sable est la matière première la plus utilisée après l'eau. Or cette ressource n'est pas illimitée et son extraction a des conséquences désastreuses sur l'environnement. À ce rythme, d'ici 2100, la quasi-totalité des plages pourrait avoir disparu. Un nouveau rapport de l'ONU plaide pour un encadrement international de son utilisation. 

En Floride, neuf plages sur dix sont menacées de disparition.
©CC0

C’est la matière première la plus utilisée après l’eau. Le sable, composant essentiel du béton, est utilisé partout. Dans les routes, les ponts, les immeubles, le verre et même les cosmétiques. Chaque année 40 à 50 milliards de tonnes de sable sont extraites. La construction d’une maison moyenne nécessite par exemple l’utilisation de 200 tonnes de sables. Or, la demande de cette ressource ne cesse d’augmenter, alerte un nouveau rapport de l’ONU.

"Déplacement, habitudes de consommation, croissance démographique, urbanisation et développement des infrastructures… la demande de sable a triplé au cours des deux dernières décennies", note Joyce Msuya, directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l’environnement. "Nous avons maintenant besoin de 50 milliards de tonnes par an, en moyenne de 18 kg par personne et par jour".

Disparition de 24 îles indonésiennes

Or l’extraction du sable a un vrai impact environnemental. "Le fait de prendre du sable sur la plage enlève les défenses naturelles que l’on a contre les vagues de tempête. Cela a un impact sur les inondations côtières", a rappelé chez RFI Pascal Peduzzi, du Programme des Nations unies pour l’environnement. "Quand vous extrayez du sable sur les rivières, si vous creusez le fond, la dynamique de la rivière va changer. Il peut y avoir des ralentissements, soit des accélérations, donnant lieu des inondations plus fréquentes ou plus intenses, soit à des sécheresses".

Singapour est le plus gros importateur de sable au monde. Selon le rapport, la ville-État a augmenté sa superficie de 20 % au cours des 40 dernières années pour répondre à la croissance démographique. Le sable est principalement importé d’Indonésie. Or cette importation serait responsable de la disparition de 24 îles indonésiennes. 

L'impact sur la biodiversité est également pointé du doigt. Les industriels draguent de plus en plus les rivières, lacs et fonds marins, la plupart des mines et carrières de sable étant épuisées. Une pratique qui participe à la destruction des espaces sous-marines et qui dérègle des écosystèmes.

Encadrer l'extraction du sable

"Pour l’une des matières les plus échangées sur la planète, la prise de conscience des impacts généralisés est très faible", atteste le rapport. "C’est l’une des activités les moins réglementées dans de nombreuses régions". Les chercheurs pointent ainsi la présence d'une Mafia du sable au Maghreb et particulièrement au Maroc.

Pour répondre aux enjeux de durabilité, l’ONU propose l’instauration de réglementations internationales pour encadrer l’extraction du sable et obliger à plus de transparence. Les auteurs soulignent la nécessité de réduire la construction des infrastructures et d’utiliser des alternatives au béton. 

Marina Fabre, @fabre_marina


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