Publié le 28 décembre 2022
ENVIRONNEMENT
Pollution de l’air : avec 238 000 décès prématurés, les particules fines continuent de menacer la santé des Européens
La pollution de l’air continue de faire des dégâts. Selon l'Agence européenne pour l'environnement (AEE), l'exposition aux particules fines a encore entraîné 238 000 décès prématurés à travers l'Union européenne en 2020. Un rapport inquiétant, alors que la Commission européenne a adopté de nouvelles normes en matière de qualité de l'air en deçà des recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

JUSTIN TALLIS / AFP
238 000 décès prématurés. Voilà le lourd bilan de la pollution aux particules fines dans l'Union européenne en 2020, selon le dernier rapport de l'Agence européenne de l'environnement (AEE) publié fin novembre. Un chiffre en légère hausse par rapport à 2019, année où les particules fines avaient causé la mort de quelque 231 000 Européens. Cette évolution s'explique notamment par l’émergence de la pandémie de Covid-19. Le coronavirus a en effet touché plus durement les personnes présentant des comorbidités liées à la pollution de l'air.
Cette hausse contraste aussi avec le recul constant sur ces vingt dernières années, notent les auteurs de l’étude. Au début des années 1990, les particules fines provoquaient près d'un million de décès prématurés dans les 27 pays de l'Union Européenne. En 2005, 431 000 personnes en mourraient encore. L’AEE souligne ainsi un recul total de 45% entre 2005 et 2020.
Les particules fines, première menace pour la santé
Accentuée par certaines activités humaines, comme les motorisations diesel, les centrales à charbon ou le chauffage urbain, les particules fines sont particulièrement dangereuses pour la santé. Elles sont accusées de jouer un rôle dans de nombreuses maladies comme le diabète de type 2, l'obésité ou la maladie d'Alzheimer selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Elles seraient également l’une des principales causes de cancer. Ces microparticules ne sont cependant pas les seules composantes à être étudiées par l'AEE, qui relève également les conséquences de l’ozone et du dioxyde d’azote sur la santé.
"Si l'on compare 2020 à 2019, le nombre de décès prématurés attribuables à la pollution atmosphérique a augmenté pour les particules fines, mais a diminué pour le dioxyde d'azote et l'ozone", détaille l'agence dans son étude. Pour les particules d'ozone, notamment issues du trafic routier et des activités industrielles, la tendance en 2020 était à la baisse avec plus de 24 000 morts, soit un recul de 3% sur un an. Concernant le dioxyde d'azote, gaz produit principalement par les véhicules et les centrales thermiques, plus de 49 000 décès prématurés ont été enregistrés, soit une baisse de 22%, qui s'explique partiellement par la diminution du trafic routier pendant la pandémie de Covid-19.
Un plan d’action qui "manque d’ambition"
Malgré ces chiffres, l'AEE estime que l'Union européenne est sur la bonne voie pour concrétiser les ambitions fixées dans son plan d'action "Pollution zéro" d’ici 2050. Adopté dans le cadre du Pacte vert pour l’Europe, il vise un premier pallier de 55% de réduction des décès prématurés dus à la pollution atmosphérique en 2030, par rapport à 2005. Un cap qui ne satisfait pas les associations.
Dans un thread Twitter, Health and Environment Alliance, un réseau de 90 organisations expertes dans le domaine de la santé et de l’environnement, déplore le manque d’ambition de l’UE face à l’urgence de la situation. Il demande la mise en place de "normes juridiquement contraignantes" alignées sur l’OMS d’ici 2030.
Let’s be clear about the #ZeroPollution target: reducing premature death by 55% is NOT ambitious but business as usual!
To be truly health protective, we need:
stricter, legally binding #CleanAirEU standards
full alignment with the WHO & science
by 2030 at the latest— Health and Environment Alliance (HEAL) (@HealthandEnv) November 24, 2022
La Commission européenne a en effet proposé fin octobre 2022 une mise à jour de la directive sur la qualité de l’air. L’objectif premier était d'aligner les normes de l'UE sur les récentes recommandations de l'OMS, qui a, fin 2021, drastiquement abaissé les seuils d’exposition limites aux particules fines et de dioxyde d’azote. Mais la dynamique n’a pas été suivie jusqu’au bout par la Commission, cette dernière choisissant finalement d’adopter des normes moins strictes.
Du côté de la France, les mesures du gouvernement ne convainquent pas non plus. En octobre dernier, il a été condamné pour la seconde fois à une amende de 20 millions d’euros par le Conseil d’état pour ne pas avoir réduit suffisamment vite la pollution de l'air.
Florine Morestin avec AFP