Publié le 15 juin 2021
ENVIRONNEMENT
L’Europe fixe un plan " zéro pollution" d’ici 2050, un objectif ambitieux qui manque cependant d'outils concrets
Dans un plan adopté mi mai, la Commission européenne s'est fixé un cap de zéro pollution en 2050. Le premier pallier fixé à 2030 vise à éliminer de moitié les décès liés à la pollution de l'air ou les déchets en mer, en s'appuyant notamment sur une mise à jour des normes existantes. Si l'objectif est salué par les associations, celles-ci déplorent cependant un manque d'outils concerts qui risque de compromettre l'atteinte de l'objectif.

Pixabay/@Foto-Rabe
La pollution produit "15 fois plus de morts que les guerres" dans le monde, alerte l’Union européenne. Sur le Vieux continent, elle est à l'origine d'un décès sur huit. Estimant qu' "il y a une urgence à agir", la Commission a adopté mi mai un plan d'action pour atteindre un objectif "zéro pollution" de l’air, de l’eau et du sol d’ici 2050, dans le cadre du Pacte vert pour l’Europe.
Bruxelles jette avant tout les bases d'un premier pallier en 2030. Le plan vise, d'ici dix ans, une réduction de 55 % du nombre de décès prématurés causés par la pollution atmosphérique par rapport à la situation actuelle, une diminution de moitié des déchets et plastiques rejetés en mer, de 30% des microplastiques dans l’environnement, ainsi qu'une baisse de 50% de l’usage des pesticides. Symbole d'une prise en compte grandissante des effets de la pollution sur les écosystèmes, le plan vise également à réduire de 25% la pollution qui menacerait la biodiversité.
Pour y parvenir, la Commission propose notamment d'aligner les normes de l'UE en matière de qualité de l'air sur les prochaines recommandations de l'Organisation mondiale de la santé et d'améliorer l'applicabilité du cadre réglementaire tout en accompagnant les autorités locales en ce qui concerne la surveillance. Parallèlement, l'institution introduira des exigences plus strictes "à la source" de la pollution, c'est-à-dire dans les secteurs tels que l'agriculture, l'industrie, les transports, les bâtiments et l'énergie, en s'appuyant sur des stratégies du Pacte vert européen comme la mobilité durable et intelligente, et les rénovations. La Commission a également annoncé la mise à jour de la liste des substances problématiques pour les eaux de surface et les eaux souterraines et la publication cette année d’une stratégie spécifique sur les sols.
Des propositions qui manquent d'outils
Si l'ambition est globalement saluée du côté des associations, celles-ci déplorent cependant l'absence d'outils concrets. "La stratégie d'aujourd'hui fixe le bon objectif pour un environnement sans produits toxiques, mais reste vague sur les détails. Nous devons aligner nos règles de qualité de l'air sur les preuves scientifiques et les meilleures pratiques mondiales. Des normes pour les véhicules comme celle d' Euro 7 doivent par exemple faire partie du dispositif", détaille Jen Mueller, coordinateur qualité de l'air au sein de l'organisation Transport & Environnement. Prévue pour 2025, la norme Euro 7 doit permettre de diminuer les niveaux de pollution tolérés et peut-être interdire la vente de certains véhicules thermiques. " Plus de surveillance et de rapports ne suffisent pas", estime quant à elle Margherita Tolotto, chargée de mission au Bureau Environnemental Européen, réseau d'organisations citoyennes environnementales en Europe. "Les citoyens et la nature ont besoin d'air pure dès maintenant", ajoute-t-elle.
D'autant plus que la Commission estime que lutter contre la pollution permettrait de faire des économies. Selon le rapport, la pollution de l’air coûte chaque année entre 330 et 940 milliards d’euros à l’Union européenne, à cause notamment du coût des soins, de la perte des récoltes ou des dommages sur les bâtiments. Investir dans l’amélioration de la qualité de l’air coûteraient entre 70 à 80 milliards d’euros par an.
Pauline Fricot, @PaulineFricot