Publié le 04 mai 2015
ENVIRONNEMENT
Le coût astronomique de la pollution de l’air révélé par l’OMS
L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) a publié mardi 28 avril un rapport faisant état des coûts humains et financiers de la pollution atmosphérique. Cette estimation, qui concerne 53 pays en Europe et en Asie, fait état de 600 000 maladies induites et décès prématurés, et en évalue le coût à plus de 1 000 milliards d’euros.

CITIZENSIDE/CAROLINE PAUX
Les problèmes de santé causés par la pollution de l’air ont causé près de 600 000 décès prématurés en 2012, et coûté environ 1 400 milliards d’euros (1 600 milliards de dollars) aux 53 pays de la région européenne. C’est ce que révèle un rapport de l'OMS (organisation mondiale de la santé), produit en coopération avec l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Économique) publié fin avril.
1 400 milliards d’euros, cela représente près de 10% du produit intérieur brut Européen. Les décès prématurés représentent à eux seuls un peu moins de 1300 milliards d’euros, ce à quoi il faut ajouter les coûts de traitement des malades, qui atteignent près de 130 milliards d’euros.
Au niveau mondial, les chiffres donnent le tournis. La pollution de l’air en extérieur (qui se distingue de la pollution domestique) aurait, selon l’OMS, provoqué sept millions de décès prématurés et coûté aux 34 pays de l’OCDE (plus la Chine et l’Inde) la somme de 3 140 milliards d'euros (500 milliards de dollars) pour l’année 2010.
Un poids financier croissant
Ces coûts pèsent fortement sur les économies européennes, et plus particulièrement sur les pays à faibles ou moyens revenus. Cet écart s'explique par l'importance de la pollution domestique, qui est plus élevée dans ces pays en raison des nombreux polluants rejetés par les foyers ouverts, encore largement utilisés. Ainsi, en Ukraine ou en Roumanie, le coût sanitaire atteint un quart du PIB du pays. Le record revient à la Serbie, où ce chiffre dépasse le tiers de sa richesse nationale annuelle.
En ce qui concerne la pollution extérieure, une étude de l’OCDE publiée en 2014 montre que le secteur du transport routier serait responsable de 50% des décès prématurés constatés chaque année au sein de l’Union Européenne. D’autres études concernant la Suisse, la France, l’Autriche et le Royaume-Uni confirment que le transport routier est responsable de 40% à 50% de ces décès. La carte ci-après montre le coût de la pollution de l’air (en extérieur et en intérieur) pour les pays européens.
Malgré la baisse continue des décès imputables à la pollution de l’air en Europe (de 786 000 en 2005 à 663 000 en 2010, soit une baisse de 18%), les dépenses de santé relatives aux soins dans le cadre des maladies respiratoires, cardiovasculaires ou du cancer du poumon, ont augmenté de près de 14%.
L’OMS souligne que la pollution de l’air n’entraîne pas que des coûts liés à la mortalité et aux maladies respiratoires, mais produit également des conséquences directes, aussi bien sur le rendement des cultures agricoles et piscicole, que sur l’environnement. Et si le rapport note bien que l’Europe a engagé des efforts pour réduire la pollution atmosphérique, il pointe aussi du doigt l’insuffisance des mesures prises en faveur de la qualité de l’air.
La France de nouveau rappelée à l’ordre par la Commission européenne
À cet égard, la France ne fait pas figure d’exemple puisqu’elle a fait l’objet d’un nouvel avertissement de la Commission Européenne mercredi 29 avril, lui demandant de prendre des mesures "ambitieuses, rapides et efficaces" pour limiter la pollution urbaine aux particules fines dans dix zones (dont Lyon et Paris) où les niveaux de pollutions dépassent régulièrement les seuils acceptés.
La Commission Européenne a ainsi estimé que le pays "n'a pas adopté les mesures qui auraient dû être appliquées depuis 2005 pour protéger la santé de ses citoyens". La France a donc deux mois pour réagir, sans quoi elle pourra faire l’objet de sanctions devant la Cour de Justice Européenne, et être passible d’une amende de plusieurs dizaines de millions d’euros.