[Mise à jour le 7 novembre 2018] Bonne nouvelle pour la filière française bovine. Après plus de 17 ans d’embargo chinois sur le bœuf français à la suite du scandale de la vache folle, le deuxième plus gros importateur de viande bovine a rouvert ses portes. Les premières cargaisons de bœuf français viennent d’arriver en Chine. Il fait suite à la signature d’un protocole d’accord avec le Premier ministre Édouard Phillipe et le président Xi Jinping le 25 juin.
"C’est une très grande nouvelle", "une date historique", a déclaré à l’AFP le président de la filière Interbev Dominique Langlois. Au total, la France pourra exporter 30 000 tonnes de viande bovine de moins de 30 mois désossées congelées ou réfrigérées, entières ou hachées. La France représentera donc environ 5 % des 700 000 tonnes de viande bovine importée en Chine en 2017, en hausse de 20 % par rapport à 2016.
Un engagement "à contre-courant de l’Accord de Paris"
Cette annonce va permettre à la filière française de renouer avec la croissance. La consommation de viande des Français est en baisse ces dernières années. Mais cette levée de l’embargo est aussi une mauvaise nouvelle pour l’environnement. L’élevage industriel de bœuf est très énergivore. Un kilogramme de viande bovine nécessite 15 000 litres d’eau. L’élevage mondial représente plus de 15 % des émissions de gaz à effet de serre de la planète, soit davantage que le secteur du transport.
"Le bœuf est l’aliment le plus carbo intensif", un expert du secteur. "Cette annonce va à contre-courant des engagements de l’Accord de Paris. Le sens de la transition est de se tourner vers une production plus locale et moins carnée".
Les intérêts commerciaux et économiques prioritaires
De manière générale, "l’ambition climatique a tendance à s’arrêter là où commence l’intérêt commercial et économique", dénonce Morgane Creach, directrice du RAC, réseau action climat. Aujourd’hui, la France, contrairement aux principaux importateurs que sont l’Amérique du Sud, l’Australie ou encore la Nouvelle-Zélande, ne connaît pas d’élevage industriel massif. Un argument que met en avant le président de la fédération qui vante "la qualité de nos races, le fait que nous ayons un système de traçabilité remarquable, que nous n’avons pas un mode d’élevage extensif mais à taille humaine".
Reste à savoir si l’Hexagone pourra tenir cette politique face à la demande croissante de la Chine. En 30 ans, la consommation annuelle de viande dans le pays est passée de 13 kg par personne à 63 kg, représentant ainsi 28 % de la consommation mondiale.
Marina Fabre @fabre_marina