Publié le 03 février 2022

ENVIRONNEMENT

Location, abonnement, occasion… Comment H&M veut réduire ses émissions tout en doublant son chiffre d’affaires

Le géant suédois qui reprend des couleurs après deux années en déshérence veut passer à un "business model circulaire". Location, plateforme de seconde main, abonnement, recyclage… le numéro 2 mondial amorce un virage de taille avec, à sa tête, l’ancienne directrice développement durable du groupe. Reste encore à démontrer la sincérité de cette démarche alors que l'enseigne de fast fashion est régulièrement taxée de greenwashing. 

Location de vetement h m DAVID THUNANDER
Le groupe se lance dans la location de vêtements en Allemagne pour l'instant.
DAVID THUNANDER

H&M sort la tête de l’eau. Après deux années difficiles plombées par le Covid-19, le numéro 2 mondial du prêt-à-porter renoue avec la croissance. Alors que les bénéfices du groupe avaient chuté de 90 %, la directrice générale, Helena Helmersson, a annoncé le 28 janvier avoir "terminé l’année en force avec des ventes au même niveau qu’avant la pandémie et une rentabilité meilleure qu’elle ne l’a été depuis plusieurs années"

L’ancienne responsable du développement durable a fixé un double objectif : multiplier les ventes par deux d’ici 2030 tout en réduisant de moitié l’empreinte carbone du groupe. Une ambition qui peut paraître de prime abord contradictoire. "Quand nous disons doubler les ventes, nous ne voulons pas dire doubler le volume des ventes mais doubler les revenus", a précisé Helena Helmersson.

Croissance et limites planétaires 

Pour y parvenir, le groupe compte passer à un "business model circulaire", nous précise une porte-parole. H&M va ainsi miser sur la location, les abonnements, le recyclage ou encore dans la "technologie de recyclage des textiles post-consommation". "Nous prolongeons ainsi la durée de vie de nos produits en créant des solutions facilitant la réutilisation des vêtements et des fibres textiles. Cela nous permet de dissocier la croissance de notre entreprise de l’utilisation des ressources et de nous assurer que nous nous développons dans les limites planétaires", explique-t-elle. 

Des changements majeurs pour un groupe régulièrement taxé de greenwashing. Et de fait, un récent rapport de la fondation Changing Markets s’est intéressé à la dépendance de la mode aux énergies fossiles. La collection Conscious du groupe suédois, censée être plus respectueuse de l’environnement, contient en réalité un pourcentage plus élevé de fibres synthétiques que dans la collection principale de la marque, respectivement 72 % contre 61 %. 

"On ne demande qu’à y croire", avance Catherine Rolin, chargée de mission à France Nature Environnement. "On espère que les géants de la mode vont vraiment évoluer car ce sont eux qui vendent le plus", explique-t-elle. La pression n’est pas seulement citoyenne. En France par exemple, une nouvelle loi interdit désormais les entreprises à détruire les invendus non alimentaires. Or H&M, même s’il le réfute, a été plusieurs fois pointé du doigt pour avoir brûlé ses invendus. Parallèlement, la France travaille sur la mise en place d’un affichage environnemental. Si la réglementation n’est pas encore à la hauteur, les géants du prêt-à-porter anticipent.

"L’enjeu est surtout celui de la sobriété"

"Que H&M mise sur l’économie circulaire est une bonne nouvelle. Mais quand le groupe évoque la seconde main, cela suppose de monter en qualité. Comment un t-shirt à 5 euros peut prolonger sa vie sur le marché de l’occasion ? L’enjeu est surtout celui de la sobriété. Il faut absolument limiter la mise sur le marché de ces tonnes de vêtements", insiste Catherine Rolin. Le groupe explique qu’il va s’appuyer sur des outils d’intelligence artificielle pour mieux prédire la volonté des clients et "évoluer vers un business model davantage axé sur la demande que sur l’offre".

Une tendance qui se dessine de plus en plus chez les petits acteurs de la mode durable qui privilégient les pré-commandes pour éviter les sur-stocks. Un changement culturel de taille pour les géants de la fast fashion dont le business model repose aujourd’hui sur des cycles de production de trois à quatre semaines. alors qu'ils sont désormais concurrencés par des acteurs comme Shein, symbole de l’ultra fast fashion. 

Marina Fabre Soundron @fabre_marina


© 2023 Novethic - Tous droits réservés

‹‹ Retour à la liste des articles

ENVIRONNEMENT

Economie circulaire

L’économie circulaire consiste à produire des biens et des services tout en limitant la consommation et le gaspillage des matières premières, de l’eau et des sources d’énergie. Elle se base sur l’écoconception des produits, leur réparation et leur recyclage.

Vinted Emmaus

Emmaüs trolle Vinted et Le Bon Coin pour booster les dons

Emmaüs s'est incrusté sur la plateforme Vinted en postant de fausses offres de vêtements à vendre. Objectif : sensibiliser les consommateurs aux dons. Avec l'ascension des plateformes de revente en ligne, l'association reçoit des dons de moins en moins qualitatifs. À tel point que son modèle...

Plateformes seconde main fast fashion zara shein istock

Shein, Zara, Balenciaga... la seconde main, nouvel argument marketing de l'industrie textile

En difficulté suite à la crise sanitaire, de plus en plus de marques font le pari de la seconde main. Emmené depuis quelques années par des enseignes de milieu de gamme, comme La Redoute ou Etam, c’est maintenant au tour des grands acteurs de la fast fashion et du luxe de s’approprier ce marché. Un...

Tri biodechets alchimistes

Les Alchimistes lèvent 10 millions d'euros pour transformer le compost en or vert

Avec une nouvelle levée de fonds, les Alchimistes veulent étendre leurs racines partout en France. Ces spécialistes du compost urbain, qui récupèrent chez les particuliers et les entreprises les déchets alimentaires, sont portés par la future loi obligeant la valorisation des biodéchets. En misant...

Smartphone casse ali abdul rahman

Licenciements : Back Market, une entreprise (à mission) comme les autres

Back Market taille dans ses effectifs. 13% des salariés vont quitter l'entreprise après une période d'hypercroissance. La jeune société, dont la valorisation avait explosé ces dernières années et qui avait adopté le statut d'entreprise à mission en 2022, doit redescendre sur Terre. Pour ce champion...