Publié le 20 janvier 2022

ENVIRONNEMENT

Le succès de Back Market, symbole de l'évolution des modes de consommation des Français

Avec une nouvelle levée de fonds géante en janvier 2022, la deuxième en 6 mois, Back Market, le champion de l'électronique reconditionné, prend la tête des licornes les mieux valorisées de la French Tech. Un succès fulgurant qui s’explique par des prix bas et une appétence de plus en plus forte des Français pour les produits plus responsables.

Smartphone
Back Market enregistre une vraie performance depuis quelques années.
Pixabay

En 2022, Back Market continue d’accélérer la cadence. La start-up française fondée en 2014, spécialiste des appareils électroniques reconditionnés, vient de réaliser une nouvelle levée de fonds de 450 millions d’euros. Il y a 6 mois, en mai 2021, Back Market avait déjà obtenu 276 millions d’euros, et rejoignait ainsi le cercle des Licornes, ces entreprises non cotées qui ont dépassé le seuil du milliard de dollars, soit 820 millions d’euros, de valorisation. La jeune pousse du numérique vaut, elle, désormais 5,1 milliards d’euros.

Grâce à ce nouveau financement, Back Market souhaite continuer à se développer avec le recrutement de 400 nouveaux collaborateurs et accroître sa notoriété. Avec 6 millions d’utilisateurs revendiqués en 2022, contre 1,5 en 2019, "l'économie circulaire de l'occasion n'est plus un concept, elle est en train de se produire", a déclaré le PDG Thibaud Hug de Larauze à nos confrères. Back Market envisage aussi d’investir le marché des pièces détachées pour faciliter les réparations, avec certainement l’objectif de lever les principaux freins du reconditionné qui demeurent la confiance envers le vendeur et le manque de visibilité sur la durée de vie des appareils.

Pouvoir d’achat et consommation responsable

Outre l’accélération exponentielle des investissements dans la French Tech dont fait partie Back Market, le succès fulgurant de la start-up s’explique par différents facteurs pour Franck Sebag du cabinet EY : "Back Market arrive à un moment d’hyper digitalisation des ménages conjuguée à un besoin grandissant d’acheter responsable". L’entreprise est aussi un des grands gagnants de la crise du Covid-19 avec l'explosion des achats en ligne, notamment de matériel informatique.

Autre effet de la pandémie : la hausse des prix des produits high tech derniers cris du fait de la pénurie actuelle de matériaux et composants fabriqués en Asie dont les usines de production ont tourné au ralenti avec les mesures sanitaires. Mais "les acheteurs potentiels de Back Market ne cherchent pas la nouveauté pour la nouveauté", souligne l’expert. Le facteur prix dans le succès de la Licorne est, selon lui, avant tout une question de pouvoir d’achat. "Back Market a finalement réussi à faire cette synthèse d’un instant de la société".

Les investisseurs ont été convaincus par ce marché du reconditionné qui se structure de mieux en mieux. En France, 6 personnes sur 10 seraient prêtes à acheter du multimédia reconditionné, d’après le baromètre 2021 réalisé par Kantar et le site Recommerce, le précurseur de téléphone mobile reconditionné. L’étude confirme par ailleurs que les places de marché telles que Back Market sont les plateformes les plus utilisées pour réaliser ces achats en ligne.

Réserver une part d'investissement aux coopératives

Cette dernière levée de fonds géante pour Back Market a aussi fait réagir Maud Sarda, cofondatrice et directrice du Label Emmaüs, société coopérative, sur LinkedIn. Si elle n’hésite pas à saluer le succès de la start-up, Maud Sarda appelle aussi la société commerciale, dédiée à la seconde main, a être encore plus responsable : "Être acteur de l’économie circulaire, c’est avoir un impact environnemental, mais aussi social et sociétal".

La directrice pointe par ailleurs les "incohérences des choix d'investissement" en favorisant les performances économiques et financières potentielles des entreprises, sans se soucier de leur utilité sociale ou mode de gouvernance. "Le monde financier dit à impact pourrait aussi réserver une part de leur portefeuille aux coopératives qui réinvestissent elles à 100% dans la structure ", nous précise-t-elle. Avant de conclure dans son post : "Si on veut changer le monde, il faudra quand même accepter d’en changer quelques règles, en particulier celles de l’investissement, sinon on ne changera pas grand-chose…".

Marion Chastain @MarionChastain


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