Publié le 10 décembre 2019

ENVIRONNEMENT

L’Assemblée vote la fin du plastique à usage unique en 2040... et ça ne plaît pas à tout le monde

Ni l’exécutif, ni les députés ne devaient s’attendre à une telle réaction. L'Assemblée a voté une fin des emballages en plastique à usage unique dès... 2040. Un délai jugé beaucoup trop long par les écologistes et beaucoup de citoyens. La secrétaire d'État Brune Poirson a tenté d'éteindre l'incendie mais les critiques fusent bien au-delà de la question du délai d'interdiction.

Les critiques fusent contre le délai d'interdiction du plastique à usage unique proposé par l'exécutif.
Ludovic Marin / AFP

Lundi 7 décembre au soir, l’Assemblée nationale a voté un objectif de "fin de mise sur le marché des emballages plastique à usage unique d’ici 2040". Porté par des députés LREM, cet amendement au projet de loi antigaspillage, examiné en première lecture, concerne "tous les emballages alimentaires, les flacons, bouteilles, ce qui est partout dans nos placards pour l'usage domestique et industriel", a souligné la marcheuse Laurence Maillart-Méhaignerie.

"C’est un signal très fort et concret que la France envoie ce soir à ses partenaires européens et au reste du monde", a fièrement tweeté la Secrétaire d’État à la Transition écologique Brune Poirson. "C’est un impératif écologique mais aussi une aspiration profonde de nos concitoyens", a renchéri la ministre Élisabeth Borne. Avec ce dispositif - s'il est définitivement adopté par le Parlement - des objectifs successifs de réduction, de réutilisation ou de recyclage des emballages plastique à usage unique seraient fixés tous les cinq ans, jusqu'à mettre fin à leur mise sur le marché en 2040.

"Qu’est-ce-qui vous échappe dans le terme URGENCE climatique ?"

Sauf que dans le paysage politique et associatif, ce délai ne passe pas. "Vous pouvez continuer comme à produire et utiliser du plastique pendant une génération. NB : celle qu’il nous reste pour sauver ce qui peut encore l’être", a tweeté l’eurodéputé écologiste David Corman.

 

"D’ici là, c’est plastique partout, écologie nulle part", a estimé l’économiste Maxime Combes. "Ce n’est pas la loi qui arrêtera le plastique à usage unique mais l’effondrement du climat qui aura eu lieu bien avant", tacle de son côté Fabrique Bonnifet, président du C3D.

Mais c’est le tweet de l’acteur Pierre Niney qui a poussé à répondre la secrétaire d’État. "Qu’est-ce-qui vous échappe dans le terme URGENCE climatique ?", a-t-il demandé, "Qu’est-ce-qui justifie un délai si long ?". Face à ces critiques, Brune Poirson a répondu dans une vidéo, expliquant que la transition devait être "radicale, pas brutale !". Et d’expliquer : "On ne va pas attendre 2039 pour atteindre l’objectif en 2040, le travail a déjà commencé".

Une mesure sans contrainte

Au-delà du délai d’interdiction décriée, c’est aussi sur le fond que cette mesure est contestée. L’avocat spécialiste en droit de l’environnement, Arnaud Gossement, estime que "l’Union européenne est compétence sur le sujet" et que cet amendent "n’engage personne et ne créé aucune obligation de faire, contrainte, etc. (…) Tout ceci est bien dommage car la polémique relative à cet objectif 2040 fait de l’ombre à toutes les autres dispositions intéressantes et importantes de ce projet de loi". 

Obsolescence programmée, interdiction de destruction des invendus, consigne… Le projet de loi économie circulaire, présenté en ce moment à l’Assemblée propose en effet des mesures phares. Il est très attendu par les associations environnementales.  

Marina Fabre, @fabre_marina avec AFP


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