Publié le 23 octobre 2019
Le gouvernement a voté l'augmentation de la taxe sur les billets d'avion allant désormais de 1,5 euro en classe économique par billet à 18 euros en classe affaires. S'il entend répondre à la demande des citoyens quant à la pollution du secteur aérien, l'exécutif retombe dans le schéma de la taxe carbone pesant sur les ménages. À moins que les compagnies aériennes ne la prennent à leur charge, ce qui est loin d'être acquis au regard de la crise qu'elles traversent. 

Élisabeth Borne l’avait annoncé en juillet, c’est désormais chose faite. Jeudi 17 octobre, les députés ont adopté une augmentation de la taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA), appelée taxe Chirac. Elle finançait à l’origine les pays en voie de développement. Elle sera, à partir de 2020, dédiée au financement des "transports propres du quotidien" comme le ferroviaire.
Au total, cette taxe est de 1,50 euro par billet pour un vol intérieur ou intra-européen en classe économique et atteint jusqu’à 18 euros pour un billet hors Union européenne en classe affaires. "La France est le seul pays à distinguer classes économiques et affaires, l’écocontribution étant six fois moins élevée en classe éco", se félicite le ministère de la Transition écologique. Au total, le gouvernement estime que les recettes seront de 180 millions d’euros par an. L’Allemagne a déjà mis en place cette taxe, mais elle a parallèlement baissé la TVA sur le ferroviaire pour créer un appel d’air. 
Une taxe injuste qui pèse sur les citoyens ? 
"Le Gouvernement a souhaité répondre à l’attente de nos concitoyens d’une juste mise à contribution de l’ensemble des modes de transports, et en particulier ceux fortement émetteurs de gaz à effet de serre", défend le ministère. Encore faut-il que les citoyens acceptent que la pollution du secteur aérien pèse sur le prix de leurs billets d’avion. Une annonce qui rappelle quelque peu l’échec de la hausse de la taxe carbone, étincelle de la mobilisation des Gilets jaunes. D’où la réaction du député François Ruffin de la France Insoumise dans l’hémicycle, dénonçant des taxes qui pénalisent toujours "les plus pauvres".
Pour l’instant, Air France a annoncé qu’il prendrait en charge la hausse des tarifs, mais quid des autres compagnies ? D’autant que le secteur aérien accueilli froidement cette nouvelle taxe. "La faillite de deux compagnies aériennes françaises en l’espace d’un mois n’aura pas permis au gouvernement de mettre fin à sa politique d’asphyxie du transport aérien", dénonce le Syndicat des Compagnies aériennes autonomes. "Au lieu de prendre des mesures propres à lui redonner de la compétitivité, le gouvernement affiche maintenant clairement sa volonté de renforcer ses actions en faveur de la disparition du transport aérien", ajoute-t-il. 
Pas assez d’ambition
Du côté des associations, le Réseau action climat évoque un "tout petit pas qui ne suffira pas pour baisser les émissions de gaz à effet de serre, ni supprimer les avantages fiscaux du transport aérien". Bruno Lemaire, ministre de l’Économie, a justement annoncé le mardi 15 octobre vouloir "travailler à une taxation européenne du carburant des avions et des bateaux". Il estime en effet qu’il est "incompréhensible que des objectifs d’émissions carbone aient été fixés pour nos voitures et qu’aucun objectif n’ait été fixé" pour ces transports.
En mai dernier, un rapport de la Commission européenne avait d’ailleurs évalué qu’une taxe de 33 centimes par litre de carburant contribuerait à une baisse de 10 % des émissions de CO2 du secteur aérien. Cela rapporterait 27 milliards d’euros par an de recettes fiscales à la France, mais ferait baisser les résultats du secteur aérien de près de 11 %.
En parallèle, il va falloir de plus en plus prendre en compte les pratiques des citoyens. En Suède par exemple, le trafic aérien a baissé momentanément après que le flygskam, ce sentiment de honte de prendre l’avion par souci écologique, ait émergé. Il a été largement popularisé par Greta Thunberg, cette militante écologiste suédoise qui s’est rendu à Davos en Suisse en train, préférant un voyage de 32 heures plutôt qu’un vol. 
Marina Fabre, @fabre_marina 

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