Publié le 2 janvier 2024
L'Union européenne va-t-elle parvenir à atteindre les objectifs environnementaux qu'elle s'est fixée d'ici à 2030 ? Selon le bilan, très mitigé, publié par l’Agence européenne de l’environnement (AEE) en décembre, cela risque d'être difficile, en particulier dans certains secteurs clés listés par Novethic.

Réduction des émissions de gaz à effet de serre


Si l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de l’UE (-55% à 2030) devrait "très probablement" être atteint, selon l’Agence européenne de l’environnement (AEE), il n’en sera pas de même pour les émissions du secteur de l’utilisation des terres, du changement d’affectation des terres et de la foresterie (UTCATF). L’UE s’est fixé pour objectif d’atteindre 310 millions de tonnes équivalent CO2 d’absorption nette à l’horizon 2030 grâce à la restauration et la préservation des forêts et tourbières. Or, celui-ci devrait être manqué de 50 millions de tonnes. La Commission européenne, qui vient d’analyser les plans climat-énergie des États membres, estime quant à elle que l’UE ne parviendra à réduire ses émissions que de 51%, en-dessous de l’objectif juridiquement contraignant de 55%. Il est en revanche "très probable" que l’UE arrive à réduire de 55% le nombre de décès prématurés liés à la pollution de l’air.

Baisse de la consommation d’énergie


Il est par ailleurs "très improbable" selon l’AEE que l’UE réussisse à diminuer sa consommation d’énergie. Selon les estimations de l’Agence européenne pour l’environnement, la consommation d’énergie primaire, qui inclut toutes les utilisations énergétiques, a diminué de 4% entre 2021 et 2022. Malgré ces progrès et une réduction globale de la consommation d’énergie depuis 2005, la réalisation des objectifs de 2030 nécessitera des réductions annuelles de la consommation d’énergie à un rythme beaucoup plus rapide qu’auparavant. Pour atteindre l’objectif en 2030, "le rythme annuel moyen de réduction observé au cours des dix dernières années devra être trois fois plus rapide", indique l’AEE.

Développement des énergies renouvelables


L’UE s’est également fixée l’objectif d’atteindre une part de 42,5% d’énergies renouvelables dans la consommation globale. Un objectif jugé "peu probable" si l’on se base sur les projections des taux d’installation actuels. "Une transformation profonde du système énergétique européen serait nécessaire au cours de cette décennie si l’on veut atteindre l’objectif", avertit l’Agence. La Commission européenne estime elle aussi que l’objectif sera manqué de 4 points. La France ne fait pas figure d’exception. Alors qu’elle est la seule à ne pas avoir atteint ses objectifs à 2020, elle refuse désormais de mentionner un objectif chiffré sur les renouvelables, se contentant de fixer un objectif de production par énergie, dans sa stratégie énergie-climat, publiée fin novembre.
Dans une étude publiée le 19 décembre, Greenpeace fustige elle aussi le "manque d’ambition" de la France par rapport à ses voisins européens. "Si on considère les six pays d’Europe de l’Ouest de plus de dix millions d’habitants ayant soumis leurs objectifs (Allemagne, Espagne, France, Italie, Pays-Bas, Portugal), la France est le pays le moins ambitieux sur le développement du solaire photovoltaïque et elle fait à peine mieux sur l’éolien terrestre", note l’ONG.

Surface agricole en bio


L’Agence européenne de l’environnement estime également comme "très improbable" que 25 % des terres agricoles soient cultivées selon les critères de l’agriculture biologique d’ici 2030. La France, pour la deuxième année consécutive, reste la première surface bio en Europe avec 60 000 fermes certifiées ou en conversion. En 2022, le nombre de producteurs engagés en agriculture biologique continue de progresser (+ 3,5%), mais à un rythme inférieur à 2021. Les achats de produits alimentaires bio ont quant à eux baissé de 4,6% en 2022, dans un contexte de recul général de la consommation alimentaire des ménages en grande partie liée à l’inflation.

Économie circulaire et empreinte environnementale


Il est également "improbable et incertain" que les objectifs en matière d’économie circulaire, tels que la réduction de l’utilisation des matériaux et des déchets, soient atteints, principalement en raison de la hausse continue de la croissance économique et de la consommation qui en découle, entraînant l’utilisation de matériaux et la création de déchets.
Enfin, dans l’ensemble, l’empreinte environnementale de l’UE, qui a augmenté de 4% depuis 2013, devrait connaître une nouvelle hausse. La réduction de l’impact de la consommation des citoyens européens semble "très improbable", selon l’AEE, en raison de "la croissance économique et des modes de consommation actuels".
Concepcion Alvarez

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