C’est une idée largement répandue : les pays riches vont profiter du réchauffement climatique tandis que les États les plus pauvres vont en pâtir. Pourtant, "L’idée que les pays riches et tempérés soient économiquement immunisés contre le changement climatique et vont même doubler voire tripler leur richesse semble tout simplement invraisemblable", assure Kamiar Mohaddes, économiste et co-auteur d’une étude publiée dans le National Bureau of Economics.
Selon les chercheurs de l’université de Cambridge, tous les pays, qu’ils soient riches ou pauvres, froids ou chauds, vont souffrir économiquement du réchauffement climatique d’ici 2 100 si les efforts nécessaires ne sont pas déployés pour l’endiguer. Avec des températures mondiales à + 4 °C d’ici la fin du siècle les États-Unis devraient perdre 10,5 % de leur PIB, le Canada 13 %, la Suisse 12 %, le Japon, l’Inde, la Nouvelle-Zélande 10 %…
Dévier des normes
"Le Royaume-Uni a connu son jour le plus chaud jamais enregistré. La voie ferrée a déraillé, les routes ont fondu et des milliers de personnes ont été bloquées parce que c’était hors norme. De tels évènements ont un coût économique et ne feront que devenir plus fréquents et graves sans politiques visant à faire face aux menaces du changement climatique", note l’économiste.
Surtout, les chercheurs estiment que chaque changement que ce soit une vague de froid ou de chaleur, des inondations, des sécheresses, des ouragans… qui dévie des normes d’un pays, riche ou pauvre, a des effets néfastes sur l’économie. Cette thèse diffère particulièrement de celle portée par des chercheurs de l’université de Stanford. Dans une étude publiée en mai 2019 dans la revue Pnas, ils estimaient qu’avec le réchauffement climatique, les pays froids allaient atteindre une température idéale qui leur permettrait de prospérer.
Une thèse contestée
Ils avaient ainsi calculé que l’écart entre la richesse par habitant d’un pays riche et celle d’un État pauvre était environ 25 % supérieur à ce qu’il aurait été sans le changement climatique. "Les données historiques montrent clairement que les cultures sont plus productives, les personnes sont en meilleure santé et nous sommes plus productifs au travail lorsque les températures ne sont ni trop chaudes, ni trop froides", expliquait Marshall Burke, co-auteur de l’étude. "Cela signifie que dans les pays froids, un peu de réchauffement peut aider". Mais cette affirmation ne sera pas toujours vraie. "Un réchauffement important à l’avenir les éloignera de plus en plus de la température optimale", estime le chercheur.
Même si les pays riches et froids vont également être touchés par le réchauffement climatique, plusieurs études, comme celle publiée en mai 2018 dans la revue Science Advance ont montré que les régions déjà chaudes comme les zones tropicales, fragiles, auront davantage de difficulté à y faire face. Leur vulnérabilité économique ne leur permet pas d’en compenser les impacts, d’où la nécessité des financements Nord-Sud, les pays développés étant les principaux responsables du réchauffement climatique.
Marina Fabre, @fabre_marina
Publié le 23 octobre 2019
Les pays riches vont aussi souffrir économiquement du réchauffement climatique. D'ici 2100, les États-Unis pourraient perdre 10,5 % de leur PIB, le Canada 13 % ou la Suisse 12 % car, selon les chercheurs, chaque changement climatique (sécheresse, inondations, canicules...) qui dévie des normes d’un pays a des effets néfastes sur l’économie. Reste que les pays développés, moins vulnérables économiquement, peuvent davantage faire face aux impacts du réchauffement climatique que les pays du sud.
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