Publié le 13 décembre 2019
ENVIRONNEMENT
Neutralité climatique en 2050 : un accord européen sans la Pologne
C'était la première étape à franchir dans la mise en place du Pacte vert européen annoncé cette semaine : convaincre tous les pays de s'engager à atteindre la neutralité climatique en 2050. Réussite en demi-teinte puisque la Pologne a maintenu son refus d'y adhérer sans toutefois bloquer l'adoption des conclusions. Le pays a jusqu'en juin 2020 pour rallier les autres États membres.

@Commission européenne
À l’image de la scission qui s’observe entre les Nations du monde entier en ce moment à la COP25, le nouvel exécutif européen n’a pas réussi à embarquer tous les membres de l’Union dans l’objectif de neutralité climatique (qui concerne tous les gaz à effet de serre et pas que le CO2) en 2050, mesure phare du Pacte vert européen, présenté le 11 décembre. Lors du Conseil européen, la Pologne a refusé de s’engager, sans toutefois bloquer l’adoption des conclusions. Un signal en demi-teinte envoyé aux négociateurs de la COP.
"Nous sommes arrivés à un accord sur le changement climatique, c'est très important, c'est crucial", a toutefois lancé le président du Conseil européen Charles Michel lors d'une conférence de presse. Le Conseil a "endossé" l'objectif de neutralité climatique d'ici 2050, mais il est noté dans les conclusions qu'un État membre, en l’occurrence la Pologne, "ne peut pas s'engager à mettre en œuvre cet objectif en ce qui le concerne à ce stade". C’est "complètement acceptable", a assuré Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission, tout en garantissant que "cela ne changerait pas le calendrier de la Commission".
Fonds pour la transition juste
La Pologne, encore très dépendante du charbon, et l'un des principaux pollueurs en Europe, aura jusqu’en juin prochain pour rallier les autres pays européens. En arrivant au Conseil, le Premier ministre polonais avait affirmé que le coût de la transformation énergétique dans son pays était "de loin plus élevé" que dans d'autres pays.
Pour y faire face, le Pacte vert comprend justement un Fonds pour la transition juste, doté de 100 milliards d’euros sur sept ans. Ses contours seront précisés en janvier prochain. D’ici l’été, les dirigeants européens auront également avancé dans la discussion sur le futur budget pluriannuel de l'UE pour la période 2021-2027. De quoi donner plus de garanties à la Pologne.
Le nucléaire mentionné dans l'accord
Deux autres pays, la Hongrie et la République tchèque, ont ralenti le processus en exigeant que l’énergie nucléaire soit inclue parmi les moyens d'atteindre la neutralité. Un point de vue inacceptable pour des pays comme l'Autriche ou le Luxembourg, mais les autres dirigeants ont fini par céder et par en faire mention dans les conclusions. Une reconnaissance importante car elle ouvre la voie à des aides et subventions. Pour le Réseau Action Climat, "la France, alors qu’elle porte la relève de l’ambition climatique en Europe depuis des mois, s’obstine à promouvoir son industrie nucléaire ce qui a largement contribué à la difficulté de trouver un accord cette nuit."
Les 27 ont par ailleurs apporté un "soutien unanime" à la mise en place d'une "taxe carbone" des produits provenant de l'extérieur de l'UE "s'ils ne respectent pas les mêmes exigences climatiques que les entreprises européennes" selon la présidence française. Les conclusions officielles sont moins explicites, indiquant simplement que le Conseil "prend note de l'intention de la Commission de proposer un mécanisme d'ajustement aux frontières pour les secteurs très carbonés".
Concepcion Alvarez @conce1 avec AFP