Publié le 06 octobre 2020
ENVIRONNEMENT
Les émissions importées de la France ne cessent d’augmenter, plombant notre empreinte carbone
L'empreinte carbone de la France reste à un niveau très élevé, alerte ce mardi 6 octobre le Haut conseil pour le climat dans un nouveau rapport. Situé à 11,5 tonnes de CO2 par habitant, elle stagne depuis plusieurs années malgré une baisse des émissions nationales. En cause, les émissions importées qui s'envolent d'année en année dans les secteurs de la raffinerie, de l'électronique ou encore du textile.

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Depuis 1995, nos émissions de CO2 "nationales" (produites sur le territoire) ont baissé de 30 %, passant de 6,9 tonnes équivalentes CO2 (téqCO2) par habitant à 4,8 téqCO2 en 2018. Une bonne nouvelle, en apparence seulement. Car en parallèle, nos émissions importées se sont envolées. 78 % en plus sur la même période, pour atteindre 6,4 téqCO2. De quoi plomber sérieusement notre empreinte carbone. Celle-ci se situe actuellement à 11,5 téqCO2 par habitant, selon les dernières données (1) révélées ce mardi 6 octobre par le Haut conseil pour le climat (HCC).
Ces émissions importées proviennent majoritairement d’Europe, Allemagne en tête, de Chine et d’Asie. Seul environ un quart d'entre elles sont originaires d’une région qui s’est engagée à la neutralité carbone (principalement le Royaume-Uni) ou en voie de s’y engager (Union européenne). En outre, selon le rapport du HCC, "plus des trois quarts de l’empreinte carbone de la France sont liés à des décisions d’acteurs économiques, qu’il s’agisse des entreprises par leurs choix d’approvisionnement, ou des ménages par leurs choix de consommation".
Les émissions importées doivent baisser de 65 % d'ici 2050
Les deux principaux secteurs qui composent l’empreinte carbone sont l’industrie agro-alimentaire ainsi que les travaux de construction, représentant à eux seuls 26% des émissions. Mais ils ont pour particularité d’être majoritairement localisés en France, permettant une action rapide et directe. À l’inverse, les émissions de certaines industries comme celle de la cokéfaction et du raffinage, des équipements électriques et électroniques ou l’industrie textile au sens large (cuirs, articles de voyage, chaussures ainsi que textile et habillement) sont très majoritairement localisées à l’étranger et seront plus difficiles à réduire, note le HCC.
L’organisme émet plusieurs recommandations : la décarbonation des chaînes de valeur dans les entreprises, la mise en place d’objectifs de décarbonation des émissions importées par filière et notamment d’un indicateur annuel pour les émissions liées à la déforestation importée, une prise en compte de la question dans les commandes publiques, le lancement d’un score carbone à destination des consommateurs tel que recommandé par la Convention citoyenne pour le climat, et l’instauration d’une taxe carbone aux frontières, notamment souhaitée par la Commission européenne.
Pour atteindre la neutralité carbone, les émissions importées de la France devraient diminuer de 65 % à l’horizon 2050 par rapport à 2005, et l’empreinte carbone baisser de 80 % à cette échéance. "Cet objectif est réaliste car la France dispose de leviers pour diminuer ses émissions importées" précise toutefois optimiste le Haut conseil pour le climat. La loi énergie-climat prévoit que les prochaines stratégies nationales bas-carbone (SNBC) incluent des plafonds d’émissions indicatifs portant sur l’empreinte carbone de la France, dont les émissions importées font partie, dès 2022.
Concepcion Alvarez @conce1
(1) Voir le rapport du Haut conseil pour le climat