Publié le 01 mars 2019
ENVIRONNEMENT
Mission "changement climatique" pour le secteur de la Défense
Un Conseil militaire international sur la sécurité et le climat vient d’être créé à l’initiative de plusieurs groupes de travail internationaux, dont l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris). Ce réseau permanent rassemblera des hauts responsables militaires du monde entier. Ils produiront chaque année un rapport sur le lien entre climat et défense.

@minsitèrearmées
Face au changement climatique, les militaires vont se retrouver dans bien des cas en première ligne. Il va falloir adapter les théâtres d’opération, sécuriser les infrastructures menacées par des inondations ou des sécheresses, réorienter les interventions vers davantage d’opérations civiles, mais aussi réduire l’empreinte carbone du secteur. Tous ces défis seront au cœur des préoccupations du tout nouveau Conseil militaire international sur la sécurité et le climat (International Military Council on Climate and Security, IMCCS).
Sa création a officiellement été annoncée lors de la Conférence planétaire sur la sécurité qui s’est tenue à La Haye, aux Pays-Bas, les 19 et 20 février derniers. Derrière ce conseil, on trouve plusieurs centres qui travaillent sur le sujet de la sécurité et du climat : Center for Climate and Security (CCS, États-Unis), l'Institut néerlandais des relations internationales (Clingendael) et le Hague Centre for Strategic Studies (HCSS), et l'Institut français de relations internationales et stratégiques (IRIS).
Gagner en efficacité
L’IMCCS sera un réseau "permanent" de hauts responsables militaires du monde entier. Il produira un rapport annuel sur le climat et la sécurité et proposera des politiques publiques à mettre en œuvre, à l'échelle nationale, régionale et internationale, pour anticiper et limiter les répercussions des changements climatiques.
"Il s’agit de faire le lien entre chercheurs et décideurs publics pour mettre le sujet au cœur des réflexions et politiques, partager les bonnes pratiques et faire circuler l’information afin de gagner en efficacité et de développer la coopération", précise Bastien Alex, chercheur à l’Iris, responsable du programme Climat, énergie et sécurité. Il ajoute : "Le Pentagone a par exemple travaillé sur la vulnérabilité de ses installations, on peut s’inspirer de ce travail pour voir par exemple comment l’appliquer en Europe."
Franchissements illégaux en zone Pacifique
L’Iris héberge l’Observatoire géopolitique des enjeux des changements climatiques en termes de sécurité et de défense depuis début 2017. Il est financé par le ministère de la Défense pour une durée de quatre ans. L’objectif est d’élaborer, par région, une typologie des crises susceptibles d’émerger en fonction des différents scénarios de réchauffement climatique. Les premiers rapports de cet observatoire ont porté sur l’Afrique, et un nouveau devrait bientôt paraître sur la zone Pacifique.
"Le changement climatique va aussi impacter les ressources halieutiques, note Bastien Alex. Celles-ci vont se déplacer vers la Polynésie française. On s’expose donc à un risque d'augmentation des intrusions dans notre zone économique exclusive. Comment va-t-on gérer ça, avec quels moyens de surveillance et d’interpellation ? Ce sont des questions qui se posent à long terme. L’objectif est bien de prendre en compte tous les sujets liés à la défense au sens large, et non pas seulement à la sécurité et aux conflits, largement médiatisés ces dernières années".
Mi-janvier, le Pentagone avait ainsi publié un rapport alarmant sur l’impact physique des changements climatiques sur les forces armées et la sécurité du pays. Il estime que près des deux tiers des 79 installations militaires essentielles aux missions américaines sont ou seront vulnérables aux inondations, et plus de la moitié à la sécheresse et aux incendies de forêt.
Concepcion Alvarez, @conce1