Publié le 18 juin 2017
ENVIRONNEMENT
[LE CHIFFRE] 7 000, c’est le nombre de bulles de méthane qui menacent d’exploser en Sibérie
C’est un paysage quasi lunaire qui est en train de se dessiner en Sibérie. Des dizaines de cratères jonchent la toundra. Selon les scientifiques, ces énormes trous béants pouvant aller jusqu’à 70 mètres de profondeur seraient formés par des explosions de gaz, libéré à cause du réchauffement climatique. Un cercle vicieux difficile à stopper.

Vasily Bogoyavlensky, Yamal region.
Ça se passe dans une région baptisée Yamal et le phénomène est aussi spectaculaire qu’intriguant. Depuis quelques années, les scientifiques russes ont découvert d’énormes cratères – pouvant aller jusqu’à 80 mètres de diamètre – en pleine toundra sibérienne. Météorite, invasion extraterrestre, missile intergalactique ?
En fait, ces cratères seraient la conséquence du réchauffement climatique qui touche particulièrement les zones arctiques. L’été dernier, au nord de la Sibérie, les températures avoisinaient les 35°C contre -50°C en hiver. Le dernier mois de mars a aussi été le deuxième plus chaud de l’histoire avec des températures dépassant de 12°C la moyenne de 1951-1980.
Alors que le permafrost restait autrefois gelé toute l’année, le sol se met désormais à fondre. Quand le couvercle de glace saute, les matières organiques présentent dans le sol qui se sont décomposées sous l’effet de la chaleur vont, comme un bouchon de champagne, dégager des gaz à effet de serre sous l’effet de la pression. Parmi eux, beaucoup de méthane, un gaz qui entraîne un effet de serre, responsable du réchauffement, 20 à 25 fois plus important que le CO2.
Un cercle vicieux
Nous sommes donc face à un cercle vicieux : le réchauffement climatique menace de faire exploser ces "bulles" qui à leur tour vont libérer des gaz à effet de serre contribuant à renforcer le réchauffement climatique. Encore plus inquiétant, ces "bulles" sont bien plus nombreuses que ce qu’imaginaient les chercheurs.
Lors d’une récente expédition racontée par Le Siberian Times, ils en ont découvert pas moins de… 7000 ! "Nous devons déterminer les bosses qui sont dangereuses et celles qui ne le sont pas", a ainsi expliqué Alexey Titovsky, directeur du département Yamal pour la science et l'innovation. "Les scientifiques travaillent à la détection et à la structuration de signes de menace potentielle, comme la hauteur maximale d'une bosse et la pression que la terre peut supporter".
Une bombe à retardement climatique
Les scientifiques ont analysé les gaz émis par ces bulles. Ils présentent une concentration de CO2 25 fois supérieure à celle de l'atmosphère et 1000 fois supérieure pour le méthane.
Les 19 millions de km² de permafrost dans le Grand Nord renfermeraient selon les estimations 1 700 milliards de tonnes de carbone organique, soit deux fois la quantité de carbone présent dans l'atmosphère. Mais plusieurs chercheurs pensent que seule une petite partie de ces gaz à effet de serre pourrait être relâchée, augmentant de 10 % les émissions actuelles.
Concepcion Alvarez @conce1