Publié le 31 mai 2017
ENVIRONNEMENT
Le bon prix pour le carbone : 50 à 100 dollars la tonne en 2030
50 à 100 dollars la tonne, c’est le corridor de prix minimum fixé par la commission Stiglitz-Stern pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat. Mais nous en sommes encore loin. L'atteinte du juste prix va demander des ajustements selon les conditions économiques des différents pays.

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Pour atteindre l’objectif d’une augmentation de la température limitée à 2°C maximum tout en maintenant un développement économique, le prix du carbone doit au minimum être compris entre 50 et 100 dollars la tonne en 2030. C’est l’avis de la commission Stiglitz-Stern sur le prix du carbone qui regroupe 13 experts de la tarification du carbone. Elle rendait son rapport le 29 mai à l’occasion du "Think 20 Summit", qui rassemble instituts de recherche et think-tank des pays du G20.
Pour atteindre le "juste prix", la commission ne tranche pas sur l’outil de tarification - taxe carbone ou marché de quotas - mais elle rappelle toutefois quelques principes de base : "la mise en place d’une tarification du carbone devra tenir compte des bénéfices non liés au climat comme l’utilisation des revenus, du contexte local et de la politique économique générale (ex : l’environnement de politique économique, les coûts d’ajustements, la répartition des impacts et l’acceptabilité sociales et politiques)".
Ainsi, les pays en développement pourront cibler la fourchette basse du corridor de prix fixé par la commission : 40 $ en 2020 et 50 $ en 2030 pour mieux protéger les populations vulnérables de l’impact économique d’une telle mesure.
87% des émissions globales de CO2 n’ont pas encore de prix
Mais la commission alerte : pour que la politique climatique soit efficace, mettre un prix sur le carbone ne suffit pas. Il est d’une "importance vitale" que les futures trajectoires et politiques de transition énergétique soient "claires, crédibles" et cohérentes. La commission souligne notamment que la fin des subventions aux combustibles fossiles (pétrole, gaz, charbon) est "une étape essentielle vers la tarification carbone".
A l’heure actuelle nous sommes loin d’un tel signal prix et d’une telle cohérence politique. 87% des émissions globales de CO2 ne sont pas tarifées. Et près de trois quarts des émissions qui sont couvertes par un prix du carbone ont un prix largement insuffisant inférieur à 10 $, rappelle la commission.
Quant au marché carbone européen, pionnier en la matière, il ne va pas permettre à l’Union d’atteindre ses objectifs en matière de climat pour 2020 et 2050, selon plusieurs cabinets et think-tank européens. Et encore moins de la mettre sur une trajectoire compatible avec l’Accord de Paris. Une réforme du marché carbone européen est toutefois en cours.
Béatrice Héraud, @beatriceheraud