Publié le 26 septembre 2023
ENVIRONNEMENT
La planification écologique selon Emmanuel Macron
La planification écologique française, retardée à plusieurs reprises, attendait son lancement officiel. C'est désormais chose faite. Emmanuel Macron a défini les objectifs et le calendrier à tenir, secteur par secteur pour mettre la France sur le chemin de la transition écologique, et décliné sa vision de l’écologie porteuse de valeur économique. Le récit d’une transformation en profondeur des modes de production et de consommation de la société française, ce sera pour une autre fois.

Capture d'écran
Après avoir exprimé son amour de la "bagnole" la veille lors d’une interview télévisée, le Président de la République était attendu sur sa vision de l’exigence environnementale française. En guise d’introduction au lancement officiel de la planification écologique, Emmanuel Macron a rapidement esquissé le triple défi que constituent le changement climatique, l’effondrement de la biodiversité et les pénuries qui se dessinent avant de passer à son bilan climatique qu’il juge bon et à une série de mesures sélectionnées dans la longue liste proposées.
Les plans d’adaptation, sur la biodiversité ou le mode d’emploi du "leasing social" pour proposer de conduire un véhicule électrique à 100 euros par mois seront annoncés dans les semaines qui viennent. Axant son intervention sur les transports, Emmanuel Macron a mentionné une enveloppe de 700 millions d’euros pour les projets de RER métropolitains qui lui tiennent à cœur mais cette somme couvre à peine les coûts du seul réseau de ce type en chantier, celui de Strasbourg.
Depuis le début de l’été, le travail de planification écologique accompli par le Secrétariat Général dédié attend des arbitrages et des financements mais aussi et surtout un portage politique qui permette d’emmener entreprises, collectivités locales et citoyens sur le chemin de cette transformation radicale. Emmanuel Macron ne s’est pas essayé à l’exercice. Il a préféré insister sur sa vision de l’écologie qui doit d’abord "créer de la valeur économique". Elle doit aussi être "porteuse d’innovation et facteur de compétitivité et permettre à la France de retrouver sa souveraineté". Emmanuel Macron a cité l’exemple des énergies fossiles qui "nous coûtent 120 milliards d’euros par an" et annoncé vouloir sortir la France du charbon en 2027 même s’il l’avait programmé précédemment pour 2022.
Une planification écologique très technique
Sur la transition juste qui consiste à protéger les plus faibles des conséquences négatives de la transformation, il a expliqué que "la baisse des émissions de gaz à effet de serre doit permettre de réduire les problèmes de pollution et les bronchiolites". Enfin le président de la République considère que la loi sur l’industrie verte va permettre à la France de tenir tête à la Chine et les États-Unis. Sur l’électricité, l’objectif est de reprendre le contrôle des prix grâce à la nationalisation d’EDF et au programme nucléaire. Enfin sur les financements, Emmanuel Macron a confirmé une enveloppe globale de 40 milliards d’euros pour 2024, sept de plus qu’en 2023. Sur la mobilisation des collectivités locales qui vont devoir co-piloter le déploiement de la planification et établir des budgets verts territoriaux, aucune précision n’a été donnée alors que les problématiques environnementales comme le degré de conviction des élus est extrêmement variable d’un territoire à l’autre.
Après l’intervention du président de la République, la planification écologique reste très technique voire aride. Pour qu’elle puisse parler au plus grand nombre, il faudrait l’incarner à travers une vision. C’est ce que proposent des scientifiques français dont le Prix Nobel de Physique qui veulent lancer "un projet Manhattan de la transition écologique" associant chercheurs et industriels. Ceux qui ont vu le film sur Oppenheimer savent qu’il s’agit de ce programme démesuré qui a couté 1% de leur PIB aux États-Unis pour inventer la bombe atomique en mettant en commun les travaux des meilleurs chercheurs internationaux. L’idée des auteurs de la tribune consiste à "poser la base scientifique d’un modèle industriel à la fois sobre en ressources, résilient et décarboné" qui devrait bénéficier de plusieurs milliards d’euros d’investissements. Ils estiment qu’un autre monde est possible à condition de penser hors du cadre économique classique. Emmanuel Macron n’en est pas là.
Anne-Catherine Husson-Traore, directrice des publications de Novethic