Publié le 04 avril 2018
ENVIRONNEMENT
La grève à la SNCF va faire exploser les émissions de CO2
La grève perlée à la SNCF qui a débuté mardi 3 avril ne va pas faire que des mécontents sur les quais des gares. Alors que chaque jour, près de 5 millions de voyageurs empruntent le train en France, nombreux sont ceux qui vont se reporter sur la voiture ou le car pour se déplacer. Avec à la clé, un bilan environnemental catastrophique.

PASCAL PAVANI / AFP
Depuis mardi matin, la grève à la SNCF est dans toutes les conversations. Pendant trois mois, il va falloir trouver des alternatives pour se déplacer. Or chaque jour, ce sont près de 5 millions de voyageurs qui prennent le train, dont 80 % rien qu’en Ile-de-France. De nombreux usagers vont devoir se reporter sur la voiture ou le car, entraînant de fait une explosion des émissions de CO2 et des particules fines.
Les cars font le plein
Pour la première matinée de grève, on comptait déjà plus 400 kilomètres de bouchons cumulés à 8h dans la région francilienne. Une situation "exceptionnelle", selon Sytadin, le service des autorités publiques. De même, près de Lyon, les axes normalement très fréquentés par les usagers TER laissés à quai ont été saturés. Aujourd'hui, le scénario devrait se répéter.
Les cars Macron font eux aussi le plein. Isilines, filiale du groupe Transdev, qui exploite habituellement une centaine d'autocars au quotidien, va doubler ou tripler son offre pour répondre aux demandes. "Les réservations ont triplé par rapport à la normale, sur l’ensemble des lignes, tant pour les courtes distances que pour les Paris-Lyon ou Paris-Marseille", explique son directeur général, Hugo Roncal. "Sur ces deux jours de grève, nous avons plusieurs dizaines de milliers de passagers en plus, c'est un niveau comparable à celui d'un 23 décembre ou une veille de 14 juillet", précise-t-il.
Même constat chez FlixBus France, leadeur du secteur avec Ouibus. "Le mois d’avril s’annonce très fort pour Flixbus, d’autant que s’ajoutent les vacances scolaires au phénomène des grèves", se félicite Yvan Lefranc-Morin, son directeur général." Tous les trajets Paris-Lyon étaient complets pour mardi, le premier jour de grève. Et les réservations pour les 8 et 9 avril, les deux prochains jours de mobilisation, sont déjà en hausse de 30 %.
Covoiturage gratuit mais limité
Autre alternative au train, le covoiturage qui a l’avantage de limiter les émissions de CO2 puisque le trajet est partagé. Pour inciter les usagers à se tourner vers cette option, le patron de la SNCF lui-même, Guillaume Pépy, a annoncé la gratuité de son service de covoiturage IDVRoom pendant les grèves. De quoi, au passage, fâcher les syndicats qui se sentent torpillés !
Comme lui, Valérie Pécresse, la présidente de l'Ile-de-France, a mis en avant la gratuité du covoiturage dans la région pendant les grèves et lancé un appel aux conducteurs. "Tous ceux qui prennent leur voiture les jours de grève, s’il vous plaît, solidarité civique, inscrivez-vous sur des plates-formes (…), prenez des passagers avec vous". Sur les autoroutes, même message martelé aux conducteurs sur les panneaux d'information : "Grèves = covoiturage."
De quoi provoquer une ruée sur les différentes plateformes existantes. BlaBlaCar qui a ajouté un petit logo rouge "grève" sur la page d’accueil de son site Internet, annonçait lundi 2 avril que son niveau de réservations en avril avait doublé par rapport à un mois normal. Mais il n’est pas toujours facile de faire coïncider son trajet avec ceux proposés sur les sites. Et quand c’est le cas, les réservations sont souvent déjà complètes.
Les cheminots défendent l’environnement
Reste aussi le bon vieux stop, avec le lancement fin mars d’Autostop-Citoyen par la Ville de Paris, Waze, Facebook et la SNCF. Pour les conducteurs volontaires, il suffit d’imprimer un macaron et de le mettre bien en vue sur son pare-brise pour signaler qu’on est prêt à prendre des auto-stoppeurs.
Tout autant de solutions pour limiter l’usage de la voiture individuelle. Pour un trajet domicile-travail quotidien de 10 km aller-retour, celle-ci émet 554 kilos de CO2. Le car, lui émet 126 kilos de CO2 quand le TER en émet 63 et le RER seulement 8 kilos...
Concepcion Alvarez, @conce1