Publié le 08 juin 2022
ENVIRONNEMENT
Et si le grand gagnant des élections était l'engagement associatif
Tous les sondages tablent sur une forte abstention aux élections législatives qui se tiennent les 12 et 19 juin. Déjà en nette progression lors des présidentielles d'avril, elle pourrait battre des records. Une morosité affichée dans les urnes qui se traduit sur le terrain par un regain d'intérêt pour l'engagement associatif. Les programmes de formation et les associations enregistrent des demandes en forte hausse.

@Makesense
À quelques jours du premier tour des législatives, qui se tient le dimanche 12 juin, les différents sondages estiment que plus d’un électeur sur deux n’ira pas voter pour élire les députés de l’Assemblée nationale. Un sentiment de désillusion semble s'être installé, notamment parce que le sujet de l'écologie n'a presque pas été abordé pendant la campagne présidentielle et qu'il n'émerge pas non plus à l'occasion de ce nouveau scrutin. Sans grande surprise, l’abstention devrait donc encore battre des records dans le sillage de 2017.
Mais face à cette morosité affichée dans les urnes, le grand gagnant de ces différentes élections pourrait bien être l’engagement associatif. C’est en tout cas ce que relève l’association Alternatiba, qui a connu "une vague de nouveaux arrivants" juste après le premier tour des présidentielles. 530 personnes ont demandé à rejoindre le mouvement en une semaine. "Le fait qu’aucun programme portant l’écologie et la justice sociale ne soit au second tour a créé un électrochoc et a relancé l’idée qu’on pouvait s’engager au niveau citoyen sans attendre la prochaine élection présidentielle dans cinq ans", explique Zoé Mary, porte-parole du mouvement.
"Ça donne l’impression qu’on peut faire émerger une autre voie"
Tessa, 23 ans, étudiante en philosophie à Nanterre, en région parisienne, fait partie de cette nouvelle vague. "J’ai rejoint le mouvement Alternatiba de façon assez impulsive, sans trop réfléchir. J’étais déçue et en colère face au faible traitement du sujet écologique. Le rapport du Giec par exemple a très peu été repris dans les médias nationaux et omis de la campagne. Puis, les résultats du premier tour de la présidentielle sont venus accentuer ces sentiments", explique la jeune femme qui était déjà engagée dans son quotidien à travers des écogestes.
Ce qui me rassure ( un peu ) et sèche mes larmes c'est le nombre de messages que je reçois depuis 20h de gens qui me demandent comment s'engager, comment rejoindre les ONGs, devenir activiste ...L'espoir s'enracine dans la société civile. Soyons ce contre pouvoir. pic.twitter.com/QZYXmmPQga
— CamilleEtienne (@CamilleEtienne_) April 10, 2022
Comme Tessa, plus de 160 personnes ont rejoint l’association rien que dans la capitale. "J’en ressens les bienfaits", poursuit Tessa. "Ça donne l’impression qu’on peut faire émerger une autre voie. On se sent aussi moins seule face au syndrome d'angoisse climatique." Pour l’instant, elle passe beaucoup de temps à s’informer et elle participe à des actions locales comme par exemple des récupérations d’aliments invendus ou des marches pacifiques pour piétonniser les rues près des écoles. Elle participera aussi au Festival Alternatiba, organisé du 8 au 10 juillet à Lyon.
"Il y a un côté thérapeutique à être dans l'action"
Ce besoin d’action et de lien est aussi ce qui anime les participants aux programmes d'engagement-réaction lancés par Makesense il y a deux ans, au moment du confinement. "Depuis les élections et les publications du Giec, nos programmes se remplissent beaucoup plus vite et comptent plus de participants, notamment sur la thématique climat. Ça permet aux déçus d’être dans l’action, ça fait du bien. Il y a un côté thérapeutique", explique Hélène Binet, directrice de la communication au sein de l’organisation créée en 2010 pour améliorer la mobilisation collective.
La dernière session s’est tenue début mai. Les participants ont pu découvrir le sujet à travers notamment la Fresque du climat. Ils ont aussi organisé une "clean walk" et signé la pétition pour la formation des futures ministres aux enjeux environnementaux. "Pour beaucoup, il s’agit là d’une première étape avant un engagement concret dans une association", assure Delphine, ex-salariée dans la communication et le marketing numérique, devenue entre autres choses formatrice chez Makesense. Après le programme, près d’une personne sur quatre s’engage au sein d’une association partenaire et 63 % continuent d’agir pour le climat.
Concepcion Alvarez @conce1