Publié le 22 juillet 2021
ENVIRONNEMENT
Été 2021 : quand l'extrême climatique devient la normalité
Des Américains se réfugiant dans des centres de refroidissement pour échapper au dôme de chaleur, des Chinois coincés dans une rame de métro où l'eau monte dangereusement, des Liégeois fuyant leur ville victime d'inondations historiques... Le réchauffement ne frappera pas plus loin ou plus tard. Cet été 2021, il est déjà à l'œuvre, partout dans le monde, et nous force à repenser ce que nous considérons comme "normal". Chaque année, l'exceptionnel se reproduit.

Noel Celis / AFP
C’est un film catastrophe qui se déroule sous nos yeux. Partout dans le monde, des évènements extrêmes, dopés par le réchauffement climatique, éclatent. Entre record de chaleur et pluies diluviennes, le changement climatique que nous redoutions pour les générations futures est déjà là. Et personne n'est épargné. Aux États-Unis, des populations se réfugient dans des "centres de refroidissement" pour échapper aux chaleurs intenses. En Belgique, Liège est évacuée en raison des pluies intenses. En Chine, des usagers se retrouvent bloqués dans un métro noyé. Au Canada, une ville, Lyton, disparaît dans les flammes.
Causées par des orages violents, des inondations impressionnantes ont fait au moins 12 morts et 5 blessés dans le métro de Zhengzhou, une ville située dans le centre de la Chine.
Zhengzhou a reçu en 3 jours l’équivalent de presque 1 an de pluie. pic.twitter.com/Az1WSD1wmj— Hugo Décrypte (@HugoDecrypte) July 21, 2021
Depuis le début de l'été, ce qu’on pensait être exceptionnel se reproduit quotidiennement. Le 30 juillet 2018, Novethic titrait "37°C en Norvège, 41°C au Japon, 51°C en Algérie… 2018 fait tomber tous les records planétaires". Le 6 août 2019 : "C’est officiel : Juillet 2019 a été le mois le plus chaud jamais mesuré dans le monde". Un an plus tard : "2020, année record des températures en France". Et cette année encore, nous pourrions titrer "2021, l’été de tous les records". L'exceptionnel devient la norme. En décembre dernier, Météo France assurait d'ailleurs que l'idée de normales saisonnières n'avait plus vraiment de sens.
"Le changement climatique n’est pas une question future"
Et l'on découvre des phénomènes fous. Les nuages "cracheurs de feu", dont le grand public avait appris l’existence en 2020 en Australie lors des incendies records dans le pays frappent actuellement le Canada. Les feux sont si importants qu’ils ont créé leur propre météo. Ils génèrent ainsi des pyrocumulonimbus, des nuages "cracheurs de feu" qui, peu chargés en pluie, provoquent des orages géants avec un fort potentiel de création d’éclairs. Ceux-ci, en frappant le sol, produisent de nouveau incendie, créant un cercle vicieux mortifère.
An incredible satellite loop of the Bootleg Fire in Oregon. You can see the pyrocumulus cloud (smoke cloud with thunderstorm characteristics) explode towards the end of the loop. The #BootlegFire is the largest fire in the United States. pic.twitter.com/jvAtoodQYM
— WeatherNation (WeatherNation) July 17, 2021
Il y a quelques semaines, une fuite alarmante du prochain rapport du Giec décrivait un scénario apocalyptique. Si les scientifiques assurent qu'il y a encore du travail sur sa version définitive, les impacts du changement climatique frappent déjà en Amérique, en Afrique, en Asie, en Europe, en Océanie et en Antarctique. Aucun continent n'est épargné. Dans le National Geographic, Ana Vicedo Cabrera, auteure principale et épidémiologiste spécialisée dans le changement climatique à l’université de Berne, résume : "Le changement climatique n’est pas une question future. C’est une question actuelle et qui affecte d’ores et déjà notre santé de façon spectaculaire".
Marina Fabre, @fabre_marina