Publié le 11 mars 2020
ENVIRONNEMENT
Coronavirus : l’Union européenne veut mettre fin aux "vols fantômes"
Pour conserver leur créneau sur les aéroports, les avions doivent utiliser au moins 80 % de ce qui leur est alloué. Mais nombre d’entre eux sont inutiles alors que le trafic est en chute libre en raison de l’épidémie de coronavirus Covid-19. Aussi les compagnies se retrouvent obligées de faire voler des avions à vide. Face à cette hérésie climatique, la commission européenne a décidé de suspendre temporairement cette règle du trafic aérien.

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Avec l’épidémie de coronavirus, plusieurs destinations ne sont plus ou presque plus desservies par les compagnies aériennes. Du coup, ces dernières se sont mises à faire voler des dizaines d’avions à vide, brûlant ainsi pour rien des millions de tonnes de kérosène. Les entreprises se seraient bien passées de ces voyages à perte mais elles n’avaient pas le choix. Elles sont obligées d’utiliser au moins 80 % des créneaux horaires qui leur sont attribués dans les aéroports, sans cela ceux-ci sont perdus. C’est le concept que l’on appelle "Use it or loose it" (Utilise-le ou perd-le).
L’Union européenne a décidé de s’emparer du sujet pour mettre fin à ces "vols fantômes", assure la présidente de la Commission Ursula von der Leyen. "L'épidémie de coronavirus a eu un impact majeur sur l'industrie aéronautique européenne et internationale. Nous constatons que la situation se détériore quotidiennement et que le trafic devrait continuer de diminuer (…) C'est pourquoi la Commission présentera très rapidement une législation concernant les créneaux d'aéroport. Elle réduira les émissions en évitant les vols fantômes" explique-t-elle.
Des pertes colossales
De son côté, Emmanuel Macron a parlé d’"une hérésie économique et plus encore écologique" en se félicitant de la décision de la Commission, à l'issue du premier sommet par visioconférence de l'histoire de l'Union européenne. Cette dernière va dans le sens de l'Association internationale du transport aérien (Iata) et l'association européenne des gestionnaires de ces créneaux (EUACA) qui avaient appelé à une suspension de ces règles sur les créneaux.
Cette suspension sera temporaire, a toutefois précisé Ursula von den Leyen et elle n’entrera en application qu’une fois que le Parlement européen et les États membres l’auront approuvée. "Cela soulagera la pression sur l'industrie aérienne et en particulier sur les plus petites compagnies", a poursuivi Ursula von der Leyen.
Depuis le début de la crise, les compagnies aériennes sont mises au supplice. En raison de la diminution des trajets et de vols annulés vers la Chine ou l’Italie, il est estimé que le secteur pourrait perdre entre 63 et 113 milliards de dollars. Le trafic des aéroports français est en baisse de 20 % et les réservations de vols long-courriers vers l’Europe ont baissé de près de 80 %. Le 5 mars, la compagnie britannique Flybe a annoncé être placée en redressement judiciaire et stoppé toutes ses activités.
Ludovic Dupin avec AFP