Publié le 18 novembre 2022
ENVIRONNEMENT
COP27 : les cinq principales annonces à retenir
La COP27 de Charm el-Cheikh, en Égypte, doit officiellement se terminer ce vendredi 18 novembre. Mais les négociations promettent de jouer les prolongations tant les avancées ont été lentes au cours de ces deux semaines. En attendant un accord final, qui va se jouer en grande partie sur la prise en compte des pertes et dommages, Novethic vous propose de revenir sur les cinq principales annonces qui ont marqué le sommet.

@Joseph Eid / AFP
1) L’Union européenne annonce une relève de son ambition climatique
Le vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, n’est pas venu les mains vides à la COP27. Il a annoncé que l’Union européenne était prête à réduire d'"au moins 57%" ses émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030 par rapport à 1990 - contre 55% jusqu'à présent. "Ne laissez personne vous dire, ici ou ailleurs, que l'UE fait machine arrière. Ne les laissez pas vous dire que l'invasion de l'Ukraine par la Russie est en train de tuer le Pacte vert européen et que nous sommes dans une ruée vers le gaz", a assuré Frans Timmermans en référence au difficile sevrage du gaz russe. "Cette augmentation de 2 points est loin des 65% dont on a tant besoin, la part équitable que l'UE devrait viser pour limiter le réchauffement à 1,5°C", a réagi Chiara Martinelli, directrice de Climate action network (CAN) Europe.
2) L’initiative de Bridgetown vise à réformer le système financier mondial
Portée par la Barbade et sa désormais incontournable Première ministre, Mia Mottley, l’initiative de Bridgetown vise la refonte du système financier mondial pour que les pays pauvres n’aient plus à choisir entre rembourser leur dette et investir dans la transition énergétique et l’adaptation au changement climatique. L’initiative a notamment été soutenue par Emmanuel Macron. Dans son allocution à la tribune de la COP27, le président français a annoncé le lancement d’un groupe des sages de haut niveau sur les financements innovants pour le climat regroupant des organismes comme le FMI, la Banque mondiale et l’OCDE. Il devra faire des recommandations sur des solutions concrètes d’ici le printemps prochain. Et Emmanuel Macron a annoncé la tenue en juin 2023 à Paris d’une conférence internationale sur un nouveau pacte financier avec le Sud, avec le souhait de "créer les conditions d’un véritable choc de financement vers le Sud".
3) Un bouclier mondial contre les risques climatiques mobilise 210 millions d’euros
Le 14 novembre, le V20 (le groupe des pays les plus vulnérables) et le G7 ont annoncé le lancement du Bouclier mondial contre les risques climatiques (Global Shield en anglais). Il vise à aider les populations à financer les impacts du réchauffement via un "financement pré-organisé" qui peut être déboursé avant ou juste après une catastrophe climatique. Cela inclut en particulier des systèmes d’assurance contre les dégâts causés aux récoltes, aux bâtiments ou contre l’interruption d’activités d’une entreprise. Doté de 210 millions d’euros, il bénéficiera à un premier groupe de pays incluant Bangladesh, Costa Rica, Fiji, Ghana, Pakistan, Philippines et Sénégal. Présenté par l’Allemagne, à la tête du G7, comme une des réponses aux pertes et dommages, ce bouclier ne fait pas l’unanimité auprès de la société civile et ne saurait remplacer la création d’un nouveau mécanisme dédié, qui fait toujours l'objet de discussions.
4) Un nouveau partenariat pour une transition énergétique juste a été signé avec l’Indonésie
Lancés à la COP26, les partenariats pour une transition énergétique juste (JETP) font des émules. L’an dernier, l’Afrique du Sud avait inauguré le principe. Les États-Unis, la Grande-Bretagne et l'Union européenne s'étaient engagés à lui verser 8,5 milliards de dollars pour l’aider à décarboner plus rapidement son secteur de l'électricité, aujourd’hui produite à 80% à partir de charbon. Lors du G20 de Bali, un nouveau JETP a été annoncé entre l’Indonésie et un groupe de pays incluant les États-Unis et le Japon, pour un montant de 20 milliards de dollars, soit probablement le plus important financement climatique jamais réalisé. En retour, le pays, parmi les plus importants émetteurs au monde, s’engage à fermer ses centrales au charbon et à avancer de sept ans, en 2030, le pic d'émissions du secteur. Le Royaume-Uni et le Vietnam devraient à leur tour signer un JETP d’ici la fin de l’année.
5) Plusieurs pays vulnérables ont présenté leurs Plans de prospérité climatique
La COP27 a aussi été l’occasion pour les pays du Sud de présenter de nouveaux Plans de prospérité climatique (CPP). Leur objectif est de mobiliser les investissements afin de stimuler la croissance économique et l'emploi, tout en accélérant l'adaptation au climat et en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. En 2021, le Bangladesh a été le premier pays à lancer un CPP, nommé Mujib Climate Prosperity Plan, du nom du Père de la Nation. Lors de la COP27, le Ghana, les Maldives et le Sri Lanka ont à leur tour présenté leur CPP. Le CPP du Sri Lanka vise à mobiliser 26 milliards de dollars dans des projets à court terme, comme par exemple un réseau éolien de 5 gigawatts, ainsi qu'un réseau à haute tension, et un réseau sous-marin pour relier l'Inde. Le plan fournit une voie pour que le Sri Lanka devienne une économie négative en carbone avant le milieu du siècle. Au total, une trentaine de pays se sont lancés dans cette démarche, accompagnés par le Climate Vulnerable Forum (CVF).
Concepcion Alvarez @conce1