Publié le 12 décembre 2016
ENVIRONNEMENT
Climat : premier anniversaire de l'Accord de Paris
Le 12 décembre 2015, l’Accord de Paris était adopté à l’issue de la COP21. Un an plus tard, cet accord destiné à lutter contre le changement climatique est déjà entré en vigueur. Mais ce record de rapidité ne doit pas effacer les efforts immenses restant à accomplir pour limiter le réchauffement de la planète à moins de 2°C.

Novethic
"C’est un petit marteau mais il peut faire de grandes choses." À 19h30, le 12 décembre 2015, Laurent Fabius, alors président de la COP21, entérine d’un coup de marteau vert l’adoption de l’Accord de Paris. Un tour de force diplomatique après deux semaines de négociations climatiques intenses. À l’époque, le qualificatif "historique" est immédiatement accolé à cet accord destiné à lutter contre le changement climatique.
Un an plus tard, qu’en est-il ?
Un accord "historique", entré en vigueur en un temps "record"
Un accord universel
L’Accord de Paris reste "historique" car il s’agit du premier accord universel sur le climat, c’est-à-dire qui engage tous les États-Parties et pas seulement les pays développés, comme l’accord précédant (le Protocole de Kyoto).
80% des émissions globales couvertes par l’accord
L’Accord de Paris est entré en vigueur le 4 novembre 2016, un temps record pour un traité international de cette ampleur. Il est aujourd’hui signé par 193 Parties (l’Iraq étant le dernier pays l’ayant signé, début décembre) et ratifié par 116 pays, représentant 80% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Le seuil des 55 pays représentant 55% des émissions, nécessaire à son entrée en vigueur, est donc largement dépassé. Il assure la crédibilité et la validité de l’accord, même en cas de défection d’un gros pays émetteur comme les États-Unis (17,9% des émissions).
Une dynamique du secteur privé enclenchée en parallèle de l’action étatique
L’Accord de Paris a entraîné dans son sillage une réelle dynamique des acteurs économiques, financiers et de la société civile. Des acteurs qui ne sont pas pris en compte dans les négociations en tant que telles, mais qui ont une place de plus en plus importante dans l’action de terrain.
La multiplication des coalitions lancées par le secteur privé depuis un an dans le domaine de la lutte contre le changement climatique en témoignent. La montée en puissance de la finance verte également. Mais cette dynamique reste complémentaire à celle, nécessaire, des États.
L'accord reste à concrétiser
Une urgence climatique toujours présente
Les alertes des scientifiques se sont multipliées ces derniers mois : la terre se réchauffe plus vite que prévu et l’effet du réchauffement global a été sous-estimé. Pourtant, malgré l’engagement, pendant la COP22, d’une vingtaine de pays à aller vers la neutralité carbone à horizon 2050, les contributions nationales déposées dans le cadre de l’Accord de Paris restent insuffisantes pour limiter le réchauffement climatique à +2°C.
Les incertitudes géopolitiques
Le timing de l’entrée en vigueur de l’Accord, quelques jours avant l’ouverture de la COP22 à Marrakech, annonçait des négociations sous les meilleurs hospices. Mais c’était compter sans l’élection du climato-sceptique Donald Trump à la présidence américaine, qui a jeté un froid sur la conférence. En cause, son insistance, pendant la campagne, à répéter que le changement climatique était un canular organisé par la Chine et à assurer qu’il annulerait la ratification de l'Accord de Paris par les États-Unis.
Aujourd’hui, le retrait de l’accord ne semble plus parmi les priorités du président élu, mais la nomination d’un climato-sceptique notoire, connu pour ses batailles contre le Clean Power Plan (la grande loi de transition énergétique américaine), à la tête de l’Agence de protection de l’environnement américaine laisse présager un retour en arrière sur la politique climatique du pays.
Peu d’avancées pendant la COP22
La dernière COP a surtout acté un calendrier de mise en œuvre de l’Accord de Paris, avec une date butoir fin 2018 (lors de la COP24 qui se déroulera en Pologne) pour fixer les modalités techniques.
Le financement Nord-Sud de la lutte contre le changement climatique (atténuation + adaptation), point clé de l’implication des pays en développement, a constitué un point de blocage.