Publié le 19 juillet 2022
ENVIRONNEMENT
Canicules, feux de forêts : le secteur du tourisme au pied du mur pour s'adapter à cette nouvelle "normalité"
Plus de 16 000 vacanciers ont dû être évacués en Gironde et dans les Landes où sévissent depuis une semaine d'importants feux de forêt. En Bretagne, contre toute attente, ce sont des records de température qui sont battus en pleine canicule. Alors que les Français pensaient opter pour des destinations "fraîches", ils se sont retrouvés piégés. Une nouvelle alerte pour le secteur du tourisme qui doit de toute urgence s'adapter aux enjeux climatiques et aux aléas qui s'annoncent plus fréquents et intenses.

Philippe Lopez / AFP
Si vous pensiez trouver un peu de fraîcheur en choisissant la Bretagne comme destination de vacances, c’est raté ! Lundi 18 juillet, la ville de Brest a ainsi battu son record historique de 1949 en atteignant 39,3°C. Mais c'est à Biscarrosse, dans les Landes que le record national a été battu lundi avec 42,6 °C. Il a aussi fait 42 °C à Nantes (Loire-Atlantique) ou 41,5 °C à La Roche-sur-Yon (Vendée).Les quatre départements bretons ont été pour la première fois placés en vigilance rouge canicule, comme 11 autres dans l’Hexagone tout le long de la façade atlantique.
La Gironde et les Landes sont en outre placées en vigilance rouge "feux de forêt" (échelle 4/5), alors que deux gigantesques incendies ont déjà détruit plus de 19 000 hectares de végétation ces derniers jours. Selon les pompiers, 16 200 vacanciers au total ont dû plier bagages en urgence depuis le début des feux il y a une semaine. Et les cinq campings du Pyla-sur-Mer ont brûlé quasiment intégralement, heureusement sans faire de victimes dans la journée de lundi.
"Changement de paradigme"
Dès lors, ces fortes chaleurs, parfois caniculaires, couplées à d’importants feux de forêt peuvent impacter le tourisme. Après la canicule de juillet 2019, le bilan de la saison touristique avait alors montré une appétence plus forte pour la moitié nord de la France et l'arc atlantique, alors que l'activité avait été plutôt en retrait pour la moitié sud. Le cabinet spécialisé Protourisme parlait alors de "la revanche des destinations les plus fraîches". Mais son directeur général associé, Didier Arino, tient aussi à rappeler que la première chose que veulent les touristes en été, c’est le beau temps et le soleil.
"Ce qu’il faut noter c’est qu’il y a des mouvements extrêmement rapides avec 60 % des partants qui regardent la météo et 40 % qui sont prêts à changer de destination à la dernière minute en fonction du temps. C’est énorme", remarque-t-il. Il ajoute : "les clients annulent leur réservation à tour de rôle par exemple dans les régions touchées actuellement par les feux de forêts. Mais rien n’est figé. En ce moment, l’une des régions les plus chaudes est la Bretagne et l’une des plus fraîches est la Corse, c’est quand même un sacré changement de paradigme !"
Éviter la fuite de la clientèle
Pour éviter une fuite de la clientèle, le secteur du tourisme va donc devoir s’adapter aux impacts du changement climatique, que ce soit le manque de neige en montagne, les inondations, l'érosion du trait de côte mais aussi les canicules et fortes chaleurs qui vont être plus fréquentes et plus intenses. "Il y a deux enjeux : d’abord être moins dépendant d’une saison en particulier, et diversifier son offre pour être attractif toute l’année et limiter les risques. Ensuite, il faut transformer les stations balnéaires, revoir les matériaux, l’architecture, végétaliser davantage pour s'adapter au changement climatique", résume Didier Arino.
L'avantage reviendra donc aux destinations qui sauront s'adapter le plus vite aux nouvelles conditions climatiques. "Beaucoup de destinations sont encore en réaction aujourd’hui mais de plus en plus sont aussi en train d’anticiper et préparer le futur, souligne Florian Billaud, du cabinet ID-Tourism, spécialisé dans l'ingénierie sur le marketing du tourisme. Nous accompagnons plusieurs sites dans la Drôme ou l’Hérault sur la transformation des lieux de fraîcheur, la façon de s’y déplacer, la sur-fréquentation. Le Cantal aussi s’est interrogé sur l’avenir de son tourisme. Ce sont des zones refuges qui deviennent des perles rares avec des zones de baignade en montagne par exemple qu’il faut préserver. On essaie d’avoir un temps d’avance."
Concepcion Alvarez @conce1