Publié le 30 octobre 2023
ENVIRONNEMENT
Les principaux enjeux de la COP28 qui s’ouvre dans un mois : l'heure du bilan de l’Accord de Paris a sonné (1/3)
La COP28 s'ouvre dans exactement un mois aux Émirats arabes unis. Huit ans après l'adoption de l'Accord de Paris, l'heure est au bilan. Si l'on sait que le monde est toujours sur la mauvaise trajectoire, les États devront être à la hauteur et accroître leurs ambitions pour rectifier le tir. C'est l'un des principaux objectifs du sommet qui se tiendra à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre.

@Ccnucc
C’est le point d’orgue de cette COP28. Le premier bilan mondial de l’action climatique (Global stocktake en anglais, ou GST) devra être approuvé par les États membres à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (Ccnucc), conformément à ce que prévoit l’Accord de Paris. Sans surprise, ce premier rapport conclut sur le fait que le monde n’est pas sur la bonne trajectoire. "La fenêtre se rétrécit rapidement pour (…) limiter le réchauffement à 1,5°C", écrivent ses auteurs. Mais il ne s'agit pas de dresser un simple bilan de routine, il s'agit d'apporter une réponse politique à ce bilan pour rectifier la trajectoire.
C’est "une occasion d'accroître les ambitions afin d'éviter les pires conséquences des changements climatiques. Ce n'est pas le bilan en lui-même qui changera la donne, c'est la réponse mondiale qu'il suscitera qui fera toute la différence", explique Simon Stiell, secrétaire exécutif des Nations unies pour le changement climatique. "Le succès du bilan mondial déterminera en fin de compte le succès de la COP28. C'est le moment décisif de cette année, de cette COP et, comme il s'agit de l'un des deux seuls bilans de cette décennie décisive d'action climatique, il sera déterminant pour la réalisation ou non de nos objectifs pour 2030", insiste-t-il.
"Des vues encore divergentes"
Or pour l'instant, il n'y a pas vraiment de consensus sur les réponses à apporter. Selon un rapport de synthèse publié par la Ccnucc début octobre, qui recense les positions des 197 parties à la Ccnucc, il y a encore des "vues divergentes sur les moyens d’atteindre les objectifs de l'Accord de Paris". Il ressort notamment que "de nombreuses parties" - mais pas toutes - sont favorables à des objectifs collectifs en termes d'énergie renouvelable ou de développement des véhicules électriques et soulignent que la sortie des énergies fossiles est "vitale pour des transitions énergétiques justes vers la neutralité carbone".
Parmi les points d'accord, toutefois trop généraux, "les gouvernements ont exprimé un large accord sur le fait que l'action climatique passée a été insuffisante et que plus d'actions de la part de toutes les parties, ainsi qu'un soutien aux pays en développement, étaient nécessaires pour contenir le réchauffement mondial à 1,5°C, éviter les pertes et dommages, et s'adapter au changement climatique", résume l'ONU.
"Un contexte difficile"
"Les nations devraient faire usage de ces contributions afin de bâtir un consensus en vue d'un résultat ambitieux et d'actions au cours de cette décennie cruciale", a réagi Simon Stiell dans un communiqué. Il préconise quant à lui l’élaboration d’une feuille de route avec des "voies de solutions" qui conduisent à des actions immédiates, secteur par secteur, région par région, acteur par acteur, pour arriver là où nous devons aller au cours des sept prochaines années.
Ça c’est la théorie. Dans la pratique, alors que les États dont les plans climatiques (contributions nationales déterminées, NDC en anglais) n'étaient pas alignés sur l'Accord de Paris s'étaient engagés à en présenter de nouveaux cette année, seuls les Émirats arabes unis - hôte de la COP28 - et le Brésil - sous l'impulsion de Lula - ont joué le jeu... Un très mauvais signal. D'autant que selon le cabinet de la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, "les négociations n'ont pas progressé assez vite cette année". "Cela signifie que nous sommes très en retard et donc que le contexte est particulièrement difficile", précise son entourage.