Publié le 18 février 2020

ENVIRONNEMENT

Pollution du BTP : les militants écolos bloquent Lafarge après avoir ciblé BlackRock

Après avoir pris pour cible BlackRock la semaine dernière, les activistes écologistes ont bloqué le 17 février les sites des cimentiers Lafarge et Cemex pour dénoncer l'impact sur l'environnement et la biodiversité du BTP. À l'initiative du mouvement de désobéissance civile Extinction Rebellion, l'opération "Fin de chantiers", qui se poursuit ce 18 février, vise à mettre un coup de projecteur sur cette industrie très émettrice et peu connue du grand public. 

Blocage Lafarge Pantin XR
Avec la production des matériaux et l’énergie nécessaire aux bâtiments, le secteur du BTP est responsable de 39 % des émissions de CO2 au niveau mondial, estime XR.
©ExtinctionRebellion

[Mise à jour le 18 février] La mobilisation continue. Les militants écologistes Extinction Rebellion (XR) ont envahi un troisième site de Lafarge ce 18 février. Il s'agit d'une "barge d'approvisionnement d'une centrale à béton prêt à l'emploi" à Pantin, expliquent les activistes. Hier, les militants ont bloqué les sites du cimentier à Paris et celui de Cemex à Issy-les-Moulineaux, tous deux voisins en bord de Seine. Ces actions répondent à l’opération "Fin de chantiers" dénonçant l’impact sur l’environnement de l’industrie du BTP. "C’est une action pour dénoncer toute l’industrie de la construction, de l’extraction des ressources comme le sable jusqu’aux grands projets inutiles souvent imposés au riverain", évoque en voix off une vidéo diffusée sur le compte d’Extinction Rebellion France sur Twitter. 

 

Les centaines de manifestants, ont bloqué les entrées et les sorties des camions-bétonnières. Comme à leur habitude, certains activistes se sont attachés à des blocs de béton pour éviter d’être délogés par les forces de l’ordre. Selon les vidéos diffusées à la mi-journée, les CRS débarqués sur les lieux ne sont pas intervenus. Plusieurs manifestants ont déployé des banderoles en escaladant les tours de stockage. "Béton = 8 % des émissions mondiales de CO2", ont-ils inscrit à la peinture sur des machines. Sur les pancartes on pouvait lire : "Le ciment ment", "S’il était un pays, le béton serait le 3e pollueur mondial", "Laisse le sable à la mer".

 

Au-delà du rôle du BTP dans le réchauffement climatique et l’effondrement de la biodiversité, les activistes ont également dénoncé l’appui de l’État. "En contradiction totale avec la déclaration d’urgence climatique et écologique faite au nom du peuple à l’Assemblée nationale, le 27 juin dernier, l’État continue de soutenir des grands projets polémiques", note XR dans un communiqué. "Leurs impacts sont catastrophiques pour les écosystèmes et questionnent sérieusement le futur et de nos villes et de nos campagnes. Les industriels en charge de ces chantiers refusent d’écouter les alertes des scientifiques et sacrifient ainsi notre avenir à des intérêts financiers à courts termes", estime-t-il.

Une action bon enfant qui tranche avec BlackRock

Cette action s'est déroulée de manière plutôt bon enfant, tranchant considérablement avec l’occupation du siège de BlackRock la semaine dernière. Le 10 février dernier, des activistes de Youth for climate (YFC) accompagnés d’une dizaine d’autres collectifs et associations dont les Gilets jaunes ont investi les locaux du plus grand gestionnaire d’actifs au monde. En ciblant BlackRock, c’est la finance que les manifestations visaient.

Habitué à des actions de désobéissance civile non violentes, les images qui ont circulé ce jour-là ont marqué un durcissement des méthodes de ces activistes. Les slogans comme "le kérosène, ce n’est pas pour les avions, c’est pour brûler les flics et les patrons" et les dégradations des locaux ont particulièrement choqué. Même le secrétaire national EELV Julien Bayou a pris ses distances dénonçant des "tags contre-productifs" et des dégradations "idiotes". "Je crois à ces occupations, par contre, elles doivent être pacifistes et joyeuses", a-t-il souligné sur France Inter. 

Marina Fabre, @fabre_marina


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