Publié le 23 décembre 2019
ENVIRONNEMENT
[2010-2020] Le jour où Donald Trump a été élu
L’élection de Donald Trump a redonné des forces aux énergies fossiles au cœur de la première puissance mondiale. Celle-là qui aurait pu et qui aurait dû devenir un modèle pour le reste du monde dans la lutte contre le changement climatique. À l'occasion de l'entrée dans les années 2020, les journalistes de Novethic témoignent des événements de la décennie passée.

@WhiteHouse
8 novembre 2016. Je me souviens de l’élection de Donald Trump comme un jour à marquer d’une pierre noire, celle qui allait redonner de la voix à tous les fossiles qui s’étaient tus depuis 2015 et l’Accord de Paris. Je me souviens d’avoir pensé que, si le Président des États-Unis était à la fois climato-sceptique, sexiste, conseiller par une prêcheuse qui croit que les pauvres sont fautifs, nous allions avoir beaucoup de mal à expliquer au monde entier que le seul modèle possible est celui d’une économie bas carbone et inclusive.
Alors, de nombreux commentateurs étaient persuadés qu’une fois aux commandes ce président rentrerait dans le rang conscient des responsabilités qui sont les siennes. Je me suis dit qu’ils n’avaient pas pris la mesure du personnage ! Avec sa mèche blonde peroxydée et ses éructations en majuscules sur twitter, il a donné une nouvelle puissance aux lobbys d’un vieux monde qui se battra jusqu’à la dernière goutte de pétrole pour préserver un modèle qui a fait sa prospérité.
La sortie de l'Accord de Paris, officialisation d'une politique de boycott des initiatives internationales
En juin 2017, Donald Trump a annoncé que les États-Unis sortaient de l’Accord de Paris. Avec son habituel cocktail d’amalgames il a déclaré que c’était parce qu’il avait été élu par les habitants de Pittsburg et non ceux de Paris ! Il a ainsi officialisé sa stratégie de boycott permanent de toutes les initiatives internationales au nom du fait que pour être "Great again", l’Amérique devait s’isoler et se réfugier derrière des murs, réels ou virtuels.
Fin 2018, le documentaire produit par Michael Bloomberg "De Paris à Pittsburgh" lui apportait un cinglant démenti. Il montrait une Amérique aux prises avec les premiers stigmates du réchauffement climatique en train de se couvrir d’énergies renouvelables avec, à l’affiche, le maire de Pittsburg indigné par le climato-scepticisme affiché de Donald Trump.
La finance américaine lâchera-t-elle les énergies fossiles ?
Fin 2019, les jeux ne sont peut-être pas encore faits même si les Etats-Unis ont largement contribué à l’échec de la COP 25. Publiée en décembre, la nouvelle politique environnementale de Goldman Sachs exclut désormais toute exploration pétrolière de l’Arctique et le financement de nouvelles centrales à charbon partout dans le monde.
La décennie s’achève donc sur une raison d’espérer. LA banque américaine emblématique de toute la finance internationale, commencer à lâcher l’économie fossile au nom des risques climatiques qui pèsent sur le monde…Le mouvement prendra sans doute de l’ampleur si Donald Trump finit, par miracle, par être déchu de son poste de président. Si en revanche il est réélu en 2020, il marquera d’une nouvelle pierre noire la prochaine décennie, celle qu’il nous reste pour transformer radicalement notre économie et tenter de ralentir le réchauffement climatique.
Anne-Catherine Husson-Traore, @AC_HT, Directrice générale de Novethic