Publié le 16 février 2019
ENVIRONNEMENT
[Science] D’ici cent ans, les insectes pourraient avoir disparu... un vrai signe de la fin du monde
Si rien ne change, d'ici cinquante ans, la moitié des insectes seront morts, et d'ici cent ans, il n'y en aura plus. Voilà la principale conclusion d'une étude publiée dans la revue Biological Conservation fin janvier. Une extinction massive qui mènera à l'effondrement des écosystèmes naturels et aura un impact sur la totalité de la chaîne alimentaire.

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C’est une véritable hécatombe. Selon une étude publiée dans la revue scientifique Biological Conservation, près de la moitié des espèces d'insectes, essentiels aux écosystèmes comme aux économies, sont en déclin rapide dans le monde entier. Les chercheurs évoquent même un "effondrement catastrophique" des milieux naturels.
"C’est très rapide. Dans dix ans, il y aura un quart d’insectes de moins, dans cinquante ans, plus que la moitié, et dans cent ans, il n’y en aura plus", alerte dans les colonnes du Guardian Francisco Sanchez-Bayo, de l’université de Sydney. Ce déclin équivaut "au plus massif épisode d'extinction" depuis la disparition des dinosaures, notent les chercheurs.
L'agriculture intensive coupable
"La conclusion est claire : à moins que nous ne changions nos façons de produire nos aliments, les insectes auront pris le chemin de l'extinction en quelques décennies", soulignent les auteurs de ce bilan "effrayant", synthèse de 73 études, qui pointe en particulier le rôle de l'agriculture intensive.
"La proportion d'espèces d'insectes en déclin (41 %) est deux fois plus élevée que celle des vertébrés et le rythme d'extinction des espèces locales (10 %) huit fois plus," soulignent-ils. Quand on parle de perte de biodiversité, le sort des grands animaux capte souvent l'attention.
Or les insectes sont "d'une importance vitale pour les écosystèmes planétaires": "un tel événement ne peut pas être ignoré et devrait pousser à agir pour éviter un effondrement qui serait catastrophique des écosystèmes naturels", insistent les scientifiques dans leurs conclusions.
Des conséquences sur toute la chaîne alimentaire
À l’origine de la perte des insectes, les chercheurs australiens désignent le bouleversement de leur habitat et le recours aux pesticides de synthèse, au cœur de l'intensification de l'agriculture dans le monde ces soixante dernières années.
L’impact des pesticides sur les abeilles par exemple, a de nombreuses fois été pointé du doigt. Chaque année, en France, 30 % des colonies d’abeilles disparaissent contre 5 % il y a 20 ans. Un déclin notamment dû aux néonicotinoïdes, ces pesticides qui s’attaquent au système nerveux des insectes. Cette surmortalité a des conséquences dans toute la chaîne alimentaire, notamment sur les oiseaux. Plusieurs études ont ainsi montré le déclin vertigineux des oiseaux de campagnes en France en 2018. Un tiers des oiseaux de campagne ont ainsi disparu en quinze ans.
Marina Fabre, @fabre_marina avec AFP