Publié le 26 juin 2017

ENVIRONNEMENT

Un pesticide tueur d'abeilles crée le premier couac du gouvernement

À peine nommé, Stéphane Travert créé la polémique. Dans une interview à RMC, le nouveau ministre de l'Agriculture s'est dit favorable à des dérogations d'interdiction des néonicotinoïdes, ces pesticides très nocifs pour les abeilles. Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique, est vite montré au créneau et a assuré qu'aucune interdiction ne serait levée. Matignon a finalement confirmé.


On les appelle les néonicotinoïdes. Ces pesticides, destinés à protéger les cultures de certains insectes nuisibles, sont accusés de tuer les abeilles. En 2016, L'ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation de l'environnement et du travail) reconnaissait les "sévères effets négatifs sur les espèces pollinisatrices".

Or, selon un document de travail interministériel daté du 21 juin que RMC s'est procuré, le gouvernement envisagerait de revenir sur l'interdiction de ces néonicotinoïdes. Cette décision avait pourtant été adoptée par les Parlementaires l'an dernier dans le cadre de la loi biodiversité.

"Nous devons pouvoir autoriser des dérogations"

Interrogé par RMC, Stéphane Travert, nouveau ministre de l'Agriculture et de l'alimentation n'a pas nié cette possibilité et a plaidé pour la mise en place de dérogations. Selon lui, l'interdiction de ces pesticides "n'est pas conforme avec le droit européen".

"Il y a d'autres produits, où nous avons des impasses techniques, qui ne connaissent pas de substitution. Nous devons pouvoir autoriser des dérogations pour permettre leur autorisation afin que nos producteurs puissent continuer à travailler dans de bonnes conditions". Le ministre de l'Agriculture a ainsi confirmé qu'il s'agissait bien d'un "retour en arrière". "C'est ma proposition", a-t-il conclu, soulignant qu'il s'en remettrait à l'arbitrage du Premier ministre.

"Le gouvernement a décidé de ne pas revenir sur les dispositions"


Ardent défenseur de l'interdiction des néonicotinoïdes, Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique, est vite monté au créneau. "Les interdictions (…) ne seront pas levées, les arbitrages ont été rendus en ce sens", a-t-il tweeté quelques minutes après l'intervention du ministre de l'Agriculture sur RMC

@RMCinfo les interdictions de neonicotinoides & épandage aerien ne seront pas levées, les arbitrages ont été rendus en ce sens

— Nicolas Hulot (@N_Hulot) 26 juin 2017

 

Dans un communiqué, Matignon a finalement donné raison à Nicolas Hulot et affirme que "le gouvernement ne reviendra pas sur les dispositions de la loi de 2016"La loi prévoit une interdiction effective des néonicotinoïdes pour le 1er janvier 2018 avec possibilité de dérogation jusqu'en 2020. "Parallèlement une expertise a été demandée par le précédent Gouvernement à l'ANSES sur les effets potentiels sur la santé humaine. Cette expertise sera disponible en fin d'année", indique le gouvernement. 

Une révision d'une autre interdiction, celle de l'épandage aérien (pulvérisation des pesticides par les airs) était également soulignée dans le document interministériel. Le gouvernement n'a pas communiqué sur ce point.  "Il n'y aura qu'une seule dérogation, dans les crises sanitaires graves, et s'il n'y a pas de risques pour les populations environnantes, avec des autorisations de l'État. Il ne s'agit pas de faire n'importe quoi", a expliqué le ministre de l'Agiculture. Ce sujet est hautement polémique depuis 2014. A cette date, l'épandage aérien d'un fongicide sur des vignes avait provoqué de multiples malaises dans une école. 

Marina Fabre @fabre_marina


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