Publié le 17 juillet 2017

ENVIRONNEMENT

Greenpeace fait plier Thai Union, maison-mère de Petit Navire, sur la surpêche et le travail forcé

Travail forcé, épuisement des ressources de thon, pêche illégale... Le numéro 3 mondial du poisson en conserve, Thai Union, s'engage vers une pêche plus durable et responsable à la suite d'une campagne de Greenpeace. Selon Thiraphong Chansiri, PDG du groupe, "Thai Union a complètement saisi son rôle de leader pour un changement positif".


Thai Union, la maison-mère de Petit Navire, vient de prendre des mesures contre la pêche illégale, la surpêche et les conditions de travail des personnes travaillant tout au long de sa chaîne d’approvisionnement. Des mesures prises sous la pression d'une campagne menée par l'association Greenpeace.

D’ici 2020, le numéro 3 mondial du poisson en boîte s’engage à réduire de 50% le nombre de DCP, dispositifs de concentration de poissons. Ces filets flottants permettent de pêcher d’énormes quantités de poissons mais les prises ne sont pas ciblées. Aussi des poissons protégés ou des tortues sont capturés.

26 millions de tonnes de poissons issues de la pêche illégale

Par ailleurs, le transbordement, qui permet aux navires de pêcher pendant des mois, voire des années, "sans jamais rentrer dans un port, ce qui facilite les pratiques illégales," va être suspendu sur l’ensemble de la chaîne "à moins que les fournisseurs ne remplissent de nouvelles conditions strictes", explique Greenpeace.

Thai Union s'engage également à assurer une traçabilité numérique complète du thon. Déjà en juin, la maison-mère de Petit Navire faisait partie des 48 grandes entreprises du secteur à s’engager à plus de traçabilité pour préserver cette ressource déjà bien entamée. Chaque année, 26 millions de tonnes de poissons sont issues de la pêche illégale. Un circuit ayant des conséquences désastreuses pour les pêcheurs, le manque à gagner s’élevant à 24 milliards de dollars

300 000 esclaves dans l'industrie de la pêche 

Depuis des années, le groupe est également soupçonné de travail forcé. En septembre 2016, à la suite d’une enquête, le New York Times avait découvert que des Cambodgiens et des Birmans étaient vendus à des capitaines de bateaux comme membres d'équipage dans les pêcheries thaïlandaises de Thai Union. Un cabinet américain d’avocats avait porté plainte contre Nestlé, sous-traitant de Thai Union, pour soutien délibéré au travail forcé.

"Nestlé importe via Thai Union plus de 12 000 tonnes d’aliments pour animaux à base de fruits de mer (...), dont une partie est produite dans des conditions d’esclavage", indiquait la plainte. Selon les chiffres officiels du gouvernement thaïlandais, plus de 300 000 esclaves travaillent dans l’industrie de la pêche.

Thai Union pour un "traitement humain et équitable" des travailleurs

Pour lutter contre ce fléau, Thai Union va renforcer le code de conduite d’éthique et de travail "afin de s’assurer que les travailleurs en mer soient traités humainement et équitablement", souligne Greenpeace. Des observateurs indépendants auront plus facilement accès aux navires afin "d’inspecter, de signaler tout abus de droit du travail et d’assurer une surveillance humaine ou électronique sur 100% des palangriers lui fournissant du thon".

"En tant qu’une des plus importantes entreprises du secteur des produits de la mer, Thai Union a complètement saisi son rôle de leader pour un changement positif", estime Thiraphong Chansiri, PDG de Thai Union.

Marina Fabre @fabre_marina


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