Publié le 19 octobre 2021
ENVIRONNEMENT
Des chasses traditionnelles d’oiseaux réautorisées après leur interdiction
C'est une bataille qui n'en finit plus. Le gouvernement a réautorisé certaines chasses traditionnelles pour la saison 2021-2022 après que celles-ci aient été interdites en août par le Conseil d'État. L'instance avait jugé qu'elles étaient contraires à la réglementation européenne. Plusieurs ONG ont déposé un recours.

@Johnnys_pic / Pixabay
Plus de 110 000 animaux sont concernés. Des chasses traditionnelles d'oiseaux ont été réautorisées pour la saison 2021-2022 dans plusieurs départements de l'ouest de la France, selon quatre arrêtés publiés dans le Journal Officiel le 15 octobre. Ils concernent la capture des alouettes des champs, des vanneaux huppés, des pluviers dorés, des rives et merles noirs à l'aide de filets ou de cages, alors que ces techniques de chasse avaient été interdites il y a deux mois par le Conseil d’État. L’instance avait jugé qu'elles étaient contraires à la directive "oiseaux" de l’Union européenne car il s'agit de méthodes non sélectives : des espèces autres que celles visées peuvent être capturées. L’Union européenne peut cependant concéder des dérogations.
Le gouvernement a jugé que certaines méthodes de chasse n’étaient pas contraires au droit européen. Il estime notamment que ces techniques permettent "de capturer les oiseaux vivants, sans leur causer de dommages corporels" et qu'il s'agit un mode de chasse plus "respectueux de l'environnement" que la chasse à tir. La Fédération nationale des chasseurs a "salué ce résultat", "fruit d’une collaboration studieuse avec les services du ministère de la Transition écologique".
Les réactions des ONG ne se sont pas fait attendre. Dans la foulée, la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) a déposé des recours en référé contre les textes, une procédure d’urgence qui permet à un juge de prendre une décision temporaire. Et le temps presse pour les associations : la réautorisation de ces types de chasse a été effective dès le week-end, et "obtenir un référé suspensif prend quinze jours à trois semaines" a déploré Allain Bougrain-Dubourg, le président de la LPO, dans Le Monde. Mais uniquement si le caractère d’urgence est reconnu, sinon la procédure pourrait prendre des mois. L’association de protection des animaux One Voice a également déposé un recours le jour même.
Nous avions annoncé que si @Ecologie_Gouv autorisait à nouveau les chasses traditionnelles, nous saisirions @Conseil_Etat. Les arrêtés condamnant près de 115000 oiseaux ont été publiés, nos référés partent. #LaChasseUnProblèmeMortel #LaFranceTueSesOiseaux https://t.co/3L8H55lfMR
— One Voice (@onevoiceanimal) October 15, 2021
Les oiseaux des champs en déclin
Au total, la chasse de 106 500 alouettes par le biais de cages ou de filets a été réautorisée dans quatre départements : les Landes, la Gironde, le Lot-et-Garonne et les Pyrénées-Atlantiques. Dans les Ardennes, environ 1 200 vanneaux huppés, 30 pluviers dorés et 5 800 grives et merles pourront être capturés en utilisant des filets ou des nœuds coulants, une technique appelée tenderie. "Les chasses traditionnelles prélèvent des quantités infinitésimales d’oiseaux" a défendu le président de la Fédération nationale des chasseurs, Willy Schraen, dans un communiqué. Mais la LPO rappelle que les populations d’alouettes en France ont diminué de 35 % en quinze ans et que les populations des oiseaux des champs ont décliné de près de 30% en trente ans.
Birdlife International, une coalition de 115 associations de protection des oiseaux dont la LPO est la représentante en France, a publié une mise à jour de sa liste rouge des oiseaux menacés en Europe le 18 octobre. "Les conclusions de l’étude sont très inquiétantes" note la Ligue. Environ un oiseau sur cinq en Europe est menacé ou quasi menacé d’extinction selon les 544 espèces recensées. 1 espèce d'oiseau sur 3 en Europe a décliné au cours des dernières décennies. Sont pointés du doigt l’artificialisation des sols, les pratiques agricoles intensives et l’utilisation de pesticides, la pollution, ou encore la chasse et le braconnage d’espèces en mauvais état de conservation.
Pauline Fricot, @PaulineFricot