Publié le 26 février 2018
ENVIRONNEMENT
Pourquoi McDonald's a sa place au Salon de l'Agriculture
La présence de McDonald's au Salon de l'agriculture fait souvent jaser et pourtant, le groupe est un gros débouché pour l'agriculture française. Frite, salade, boeuf, poulet, pain... 75 % de ses matières premières agricoles utilisées en France sont locales. Le géant des hamburgers, avec des contractualisations sur plusieurs années, bénéficie d'une bonne image auprès des éleveurs et agriculteurs, bien loin de celle véhiculée dans le grand public.

©McDonald's - Didier Delmas
Mais que fait McDonald's au Salon de l'agriculture ? C'est la question que de nombreux visiteurs se posent en voyant la place que s'est offert le géant des hamburgers dans les allées de la Porte de Versailles. Un immense stand - l'un des plus grand du site même - valorisant le made in France et les producteurs locaux. Et le groupe n'en est pas à sa première édition. Il compte 18 ans de présence au Salon.
39 000 producteurs et éleveurs français pour McDonald's
"Ce sont les producteurs de viande bovine qui nous ont invité la première année après la crise de la vache folle. Nous sommes les seuls à avoir maintenu nos commandes jusqu'au bout car nous avions déjà mis en place un système de traçabilité performant", raconte à Novethic, Rémi Rocca, directeur achats qualité de McDonald's France.
Aujourd'hui, 75 % des matières premières agricoles utilisées par l'enseigne proviennent de France. Au total, McDonald's travaille avec plus de 39 000 producteurs et éleveurs français représentant cinq filières. Celles des producteurs de pommes de terre, de salades et de blé, et celles des éleveurs de bovins et de poulets. "C'est important pour nous, d'un point de vue environnemental, social et économique de nous approvisionner en France", explique Rémi Rocca. Le groupe vient d'ailleurs d'annoncer vouloir tripler son approvisionnement en viande charolaise française pour créer un menu haut de gamme.
"Pour nous, McDo, c'est un bon"
"McDonald's a une mauvaise image auprès du grand public, il symbolise la malbouffe alors que dans notre milieu, on se dit que McDo, c'est un bon", témoigne Bertrand Ouillon, délégué du GIPT, Groupement interprofessionnel pour la valorisation de la pomme de terre.
La majorité des 284 producteurs qui travaillent avec McDonald's, via McCain, le spécialiste des surgelés, profitent de contractualisations sur plusieurs années. "Cela permet d'avoir de la visibilité et de la stabilité pour les producteurs", explique Bertrand Ouillon, "et McDonald's, avec des exigences qualité de plus en plus fortes, a permis de faire monter en gamme les produits". Une montée en gamme qui ne rime pas forcément avec une hausse des prix à l'achat, nuancent toutefois plusieurs producteurs qui ont souhaité rester anonymes.
Bien-être animal et agroécologie
Le groupe exige désormais des producteurs et éleveurs de nouvelles pratiques, moins impactantes pour l'environnement et plus en phase avec les attentes des consommateurs. "On a développé un outil de diagnostic de bien-être animal en élevage", détaille le directeur qualité de McDonald's "et on a développé une stratégie d'agroécologie". L'Agroécologie est une méthode d'agriculture qui vise à limiter l'impact sur les ressources naturelles et l'environnement.
Le terme peut prêter à sourire lorsqu'il est prononcé par un représentant de McDonald's. Le groupe s'était d'ailleurs fait tacler par l'ancien ministre de l'Agriculture, Stéphane Lefoll en 2015. "L'agroécologie n'est pas un slogan commercial", avait-il déclaré. Poutant McDonald's ambitionne de réduire de 20 % des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2020. Il va lancer, pour 2018, dans ses 1 600 élevages de bovins sous contrat, un outil de diagnostic environnemental appelé Cap2ER pour évaluer les impacts environnementaux de ces exploitations et "construire un plan d'action dédié".
McDo décrédibilise la bio
Et McDonald's s'est même mis à la bio. Dans son Happy Meal, il propose maintenant des jus de fruits et des yaourts à boire bio. L'arrivée de ce géant dans cet univers reçoit un accueil mitigé. "C'est toujours mieux de servir des produits bio. Mais la bio c'est un tout. Ce n'est pas du conventionnel sans pesticide. Il faut faire du local, bien rémunérer les producteurs, proposer des menus équilibrés.... McDonald's a encore du chemin à parcourir", estime Julien Scharsch, secrétaire général de la Fédération Nationale d'agriculture biologique.
La plus grande crainte est surtout de décrédibiliser la bio. "Cela fait des années qu'on s'acharne à établir une relation de confiance avec les consommateurs. On est toujours attentif à l'arrivée des gros groupes agro-alimentaires dans notre secteur", assure le producteur alsacien.
Marina Fabre @fabre_marina