Publié le 16 septembre 2018
ENVIRONNEMENT
Plan bien-être animal : les défenseurs des animaux avalent de Travert
Un comble pour les défenseurs des animaux. Stéphane Travert a présenté son plan bien-être animal le 30 août juste devant des carcasses d'un abattoir. Sur le fond, comme sur la forme, les associations sont indignées par les propositions du ministre de l'Agriculture. "C'est du réchauffé, aucune nouvelle mesure n'a été annoncée", dénoncent-elles.

©MinistèreAgriculture
C’est la faute de goût qui passe mal chez les associations de défense animale. Stéphane Travert, le ministre de l’Agriculture a choisi de présenter son plan en faveur du bien-être animal, le 30 août, devant… des carcasses d’un abattoir de l’Allier. "Ça en dit beaucoup sur ce que signifie le bien-être animal chez lui", glisse Brigitte Gothière, directrice de L214.
"C'est du réchauffé"
Et l’image donne le ton des mesures. Le plan bien-être animal est loin d'avoir convaincu les associations. "C’est du réchauffé", tacle Ghislain Zuccolo, directeur général de Welfarm, ONG de protection des animaux de ferme, "c’est un copié-collé de ce qu’avait annoncé Stéphane Le Foll en 2016 lorsqu'il était ministre de l’Agriculture".
Le plan, décliné sous 5 axes (innover, accompagner, former, contrôler et sanctionner), veut pousser les filières à changer leurs pratiques. Le ministre de l’Agriculture vise ainsi à revoir la castration à vif des porcs et le broyage des poussins mâles. "Nous avons engagé 4,3 millions d’euros dans une entreprise pour un dispositif qui permettra de faire du sexage à l’intérieur de l’œuf pour éliminer les poussins mâles avant leur éclosion", a évoqué Stéphane Travert.
Aucune mesure législative
Problème : aucune mesure législative n’a été annoncée, rien ne contraint les filières à mettre un terme à ces deux pratiques controversées. Le gouvernement lui-même les a rejetées à l’Assemblée. Ces deux sujets faisaient en effet l’objet d’amendements déposés dans le cadre de la loi alimentation quoi doit être réexaminée à partir du 12 septembre.
Parallèlement, Stéphane Travert a rappelé vouloir réduire la proportion d’œufs de poules issus d’élevages en cages à 50 % d’ici 2022. Or, face à la pression des consommateurs, plusieurs distributeurs et industriels ont établi cet objectif pour 2020.
"Les acteurs du secteur vont plus vite que le législateur. Alors à quoi sert-il ? Il faut aller plus loin. 30 à 40 % des œufs de poules élevées en batterie sont utilisés dans les ovoproduits. Or les objectifs de baisse annoncés ne concernent que les œufs vendus en vrac", dénonce Ghislain Zuccolo. Pour Brigitte Gothière, ce plan n’est qu’un "coup de com" dont les ficelles sont encore plus visibles depuis le départ de Nicolas Hulot. "Les lobbys gagnent du terrain", conclut-elle.
Marina Fabre, @fabre_marina