Publié le 22 juin 2018
ENVIRONNEMENT
Les agriculteurs souffrent des prix, mais pas les consommateurs et la grande distribution
Les agriculteurs ne s'en sortent pas. Malgré une hausse de 3 % des prix agricoles en 2017, leurs coûts de production ne sont toujours pas couverts. La grande distribution en profite et les consommateurs aussi. Les consommateurs demandent de plus en plus de qualité, mais n'ont jamais dédié aussi peu d'argent à l'alimentation.

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C’est un constat qui n’est pas nouveau, mais qui est toujours aussi accablant. En 2017, "les prix payés aux agriculteurs ont été à nouveau inférieurs à la réalité des coûts de production et n’ont pas couvert la rémunération du travail ni du capital", résume Philippe Chalmin président de l’Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires (OFPM) dans un nouveau rapport publié le 19 juin
Les prix agricoles ont progressé en 2017, mais seulement de 3 % et sur des secteurs précis. La filière du porc par exemple enregistre une hausse des prix de 6 % due à la demande du marché asiatique, celle de la viande de bœuf de 3,6 % et celle du lait de vache, partie de loin, de 13 %. Le reste du paysage est plus morose.
Les marges des distributeurs n'ont pas baissé
"Globalement et en moyenne, les années se suivent et se ressemblent", se désole la FNSEA, premier syndicat agricole. Il appelle à "rééquilibrer le rapport de force dans les relations commerciales et faire cesser cette guerre des prix dont les producteurs paient le prix fort".
Car les marges de la grande distribution non, elles, pas baissé. En 2016, les marges brutes sont passées de 29 à 29,7 % et la marge nette, qui prend en compte les coûts salariaux, les frais financiers et autres charges est estimée à 1,7 % avant impôt. Soit 0,4 point de plus qu’en 2016. La grande distribution grossit surtout ses marges sur les produits transformés dans lesquels les denrées agricoles ont de moins en moins de place.
"Les consommateurs n'ont jamais aussi peu payé"
"L’alimentation reste le cœur de la rentabilité de la grande distribution", avance Philippe Boyer, coauteur du rapport. Certes, mais "s’il y en a un qui s’en met plein les poches, c’est le consommateur", lance Philippe Chalmin. "Il n’a jamais aussi peu dépensé pour son alimentation et il n’a jamais aussi bien mangé. Le consommateur a l’impression que c’est plus cher, alors qu’il demande plus de service", explique-t-il. Par exemple, se débarrasser de l'huile de palme dans certains produits a un coût, qui n'est pas répercuter les consommateurs.
Pourtant, certains consommateurs sont prêts à payer plus pour que les producteurs soient mieux rémunérés. En témoigne le succès des marques comme "C’est qui le patron ?" le plus gros succès pour une nouvelle marque depuis 30 ans. Cette dernière, créée par Nicolas Chabanne remet en question le modèle du "prix le plus bas" et remet au goût du jour celui du prix juste.
Marina Fabre @fabre_marina