Publié le 6 septembre 2018
Les agriculteurs se souviendront de l'été 2018. Entre la sécheresse et la canicule, la période a été particulièrement dure. À tel point que certains doivent vendre en boucherie une partie de leur cheptel car les prairies, brûlées, ne peuvent nourrir tous les animaux. La FNSEA, principal syndicat agricole, lance un appel au secours au gouvernement. 

"La star de l’été, c’était le climat". Voilà les premiers mots de Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, principal syndicat agricole, en cette rentrée 2018. Entre la sécheresse et la canicule, la période a été difficile pour les agriculteurs. "Ces événements climatiques qui se multiplient et s’intensifient montrent notre difficulté à assurer une résilience", avance Christiane Lambert. "C’est de plus en plus difficile de tenir", ajoute-t-elle.
Plusieurs pays dont la France, la Suède, le Danemark ou les Pays-Bas ont été touchés par une vague de chaleur qui a lourdement affecté leur culture. "Osons dire qu’il faut donner à l’agriculture française les capacités de résilience, les capacités techniques, les capacités financières, les capacités fiscales pour résister. Le climat change, changeons !", argue l’éleveuse de porc.
Permettre de stocker les eaux de pluie 
Elle demande au gouvernement de placer le stockage des eaux de pluie en priorité. Cela consisterait, en cas d’excès d’eau, comme cela arrive de plus en plus fréquemment, de pouvoir récupérer la ressource pour irriguer les champs lors de sécheresse. Une pratique critiquée par plusieurs organisations environnementales et agricoles qui craignent un assèchement des nappes phréatiques. 
La FNSEA s’appuie sur ces voisins pour convaincre les réfractaires : en moyenne en Europe, 21 % des eaux de pluie sont stockées contre 2,7 % en France. "Et notre retard s’amplifie. En 10 ans les États européens ont augmenté de 13 % leur capacité d’irrigation contre 1,5 % en France", détaille la présidente qui demande également des efforts dans le domaine de la recherche pour "avoir des variétés plus résilientes avec moins de besoins d’eau".
Prairies brûlées et ventes de bêtes 
Bonne nouvelle pour les agriculteurs, au moment de la prise de parole de la FNSEA, la Commission européenne a relevé les taux des avances des aides européennes à hauteur de 70 % contre 50 en temps normal. De même, les mesures de la Commission "viennent notamment reconnaître la possibilité de faire pâturer ou faucher les surfaces en jachères, y compris pour subvenir aux besoins d’autres agriculteurs mis en difficulté par les événements climatiques persistants", explique le ministère de l’Agriculture.
Les canicules de l’été ont en effet brûlé les prairies. Les producteurs ont donc recours à leurs réserves d’hiver ou doivent acheter de la paille. Or, les prix du fourrage s’envolent. Car la France n’est pas la seule touchée. Les pays du Nord sont particulièrement en difficulté. La Fédération des agriculteurs de Suède évoque la "prise crise depuis plus de cinquante ans". Les forêts ont été décimées par les incendies dus à la sécheresse.
Résultat : plusieurs agriculteurs doivent décapitaliser leur cheptel, c’est-à-dire vendre leurs animaux à la boucherie pour limiter la taille des troupeaux et de facto les besoins en trésorerie. 
Marina Fabre @fabre_marina 

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