Publié le 03 octobre 2017
ENVIRONNEMENT
États généraux de l’Alimentation : Leclerc veut-il tuer une amorce de consensus ?
Industriels, distributeurs et agriculteurs sont-ils sur le point de trouver un accord pour mieux rémunérer les producteurs ? L'idée, proposée lors des États généraux de l'Alimentation, serait d'augmenter les seuils de prix en dessous desquels les distributeurs ont interdiction de vendre un produit. Cette hausse serait répercutée sur la rémunération des producteurs. Un "impact démesuré sur le pouvoir d'achat des Français", dénonce le président de Leclerc, soutenu par l'UFC-Que-Choisir.

Quelques semaines après un "clash" avec Nestlé, Michel-Edouard Leclerc joue une nouvelle fois les agitateurs, cette fois-ci au sujet des États Généraux de l'Alimentation. Le président de Leclerc a dénoncé, par voie de blog, un "deal complètement irresponsable" entre industriels et distributeurs qui, "sous prétexte d’aider les agriculteurs", "augmenterait les prix de 5 à 15 % sur des milliers d’articles alimentaires".
L'homme d'affaires fait allusion à une piste émise lors des États généraux de l’Alimentation. Hier, lundi 2 octobre, s’est terminé le premier chantier dédié à une plus juste répartition de la valeur et une hausse de la rémunération des agriculteurs. Pour y parvenir, plusieurs parties prenantes autour de la table ont proposé une augmentation du seuil de vente à perte. Ce seuil fixe un prix en dessous duquel un distributeur ne peut vendre un produit.
Leclerc "défend ses marges et ses intérêts", selon la FNSEA
Une initiative qui permettrait de mieux rémunérer les agriculteurs et qui pourrait bien faire consensus. Elle a reçu le soutien des industriels de l’ANIA (Association Nationale des Industries Alimentaires), les distributeurs de la FCD (Fédération du Commerce et de la distribution) et même de la FNSEA, principal syndicat agricole, à condition "d’encadrer les promotions", "d’interdire les prix abusivement bas" ou encore d’améliorer "le dispositif de la contractualisation en imposant la prise en compte des prix de revient".
Michel-Edouard Leclerc "défend surtout ses marges à lui, et ses intérêts à lui", a taclé la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert citée par l'AFP, "Leclerc représente un ancien monde, celui des prix toujours plus bas. Les consommateurs veulent autre chose, ils veulent de l’origine, de la qualité, de la proximité, ils veulent savoir qui produit et comment et ils veulent surtout redonner plus de centimes aux producteurs", estime-t-elle.
Une hausse de 2,4 % pour les consommateurs
Mais le président de Leclerc a reçu un soutien de poids, celui des associations de défense de consommateurs comme l’UFC Que Choisir qui dénonce un "bénéfice plus qu’incertain" pour les producteurs et "un impact colossal pour les consommateurs". L’association estime qu’une augmentation de 15 % du seuil de revente à perte se traduirait, dès 2018, par une hausse globale des prix de 1,4 milliard d’euros, "soit +2,4 % sur les rayons concernés". Un calcul qui vient toutefois relativiser la hausse de "5 à 15 %" annoncée par Michel-Edouard Leclerc.
Comment obtenir un vrai consensus ? "Seule la participation de l’État garantira la négociation des prix rémunérateurs, sur la base d’un dispositif législatif, et empêchera quelque partenaire que ce soit d’être en situation d’abus de position dominante", plaide la Confédération paysanne. Emmanuel Macron est attendu le 11 octobre pour tirer le bilan du premier chantier des États généraux. Une première phase qu’il a voulue rapide : les négociations commerciales entre distributeurs et industriels commencent habituellement début octobre.
Marina Fabre @Fabre_Marina