Publié le 22 octobre 2022
ENVIRONNEMENT
À la découverte de Terre Terre, la ferme qui remet le vivant (et le collectif) au cœur de la ville
Au pied des immeubles d’Aubervilliers, Terre Terre fait le bonheur des jardiniers amateurs. Cette "ferme urbaine à partager" met à disposition des potagers et un jardin collectif pour sensibiliser les habitants à l’agroécologie. Prêts à mettre les mains dans la terre ? On vous emmène.

Florine Morestin
À quelques pas du centre-ville animé d’Aubervilliers, commune francilienne proche de Paris, se cache un îlot de verdure. Potager, arbres fruitiers, serres, fleurs… Les jardins de Terre Terre abritent sur près de 3 000 m² un concentré de biodiversité, nous faisant presque oublier les immeubles en béton et le ballet des voitures alentours.
Créée en 2020 suite à un appel à projets du programme Parisculteurs, Terre Terre fait partie d’un réseau de fermes urbaines imaginé par la Société d'Agriculture Urbaine Généreuse et Engagée (Sauge), autour d’un seul et même objectif : faire jardiner tout le monde deux heures par semaine. Pour y arriver, l’association implante des potagers au plus près des habitants avec la volonté de les sensibiliser à la transition agroécologique, mais pas seulement. "L’idée est de recréer du lien social à travers une activité saine pour les participants et pour l’environnement", explique Chloé Hervet, Responsable de la ferme.
Se reconnecter au vivant… et à ses voisins
Une cinquantaine de parcelles, réparties dans de grands bacs en bois, sont ainsi louées aux riverains à un prix solidaire. "Nous souhaitons réunir un maximum d’habitants et habitantes du quartier et les faire jardiner ensemble en leur transmettant nos connaissances agronomiques pour, finalement, les rendre autonomes", indique Chloé Hervet. Et le succès est au rendez-vous, le "potager des habitant.e.s" affiche complet. Familles, retraités, jeunes actifs… Accompagnés par la Sauge, les jardiniers amateurs de tous âges et tous milieux sociaux se retrouvent et participent collectivement à construire un modèle agricole plus durable et local.
Pour celles et ceux qui n’auraient pas la chance ou le temps d’entretenir un petit lopin de terre, l’association accueille chaque semaine des bénévoles pour travailler sur la ferme. Les activités varient selon les saisons : semis et repiquage au printemps, entretien et bricolage en hiver… À la clé, les bénévoles bénéficient d’une formation à des pratiques agroécologiques et se partagent les récoltes. Ce jour-là, Louise Imbert est venue prêter main forte à l’équipe pour l’après-midi. En reconversion professionnelle après une carrière dans la communication, la jeune femme a découvert le jardinage pendant le confinement, comme beaucoup de citadins.
"C’est une bonne manière de se sentir utile, d’être dans le concret", s’enthousiasme-t-elle en s’activant dans les allées du jardin partagé. Cet espace en pleine terre, fait rare dans les fermes urbaines franciliennes dont les sols sont souvent pollués, permet également d’animer des ateliers pédagogiques à destination des élèves des écoles environnantes. Tous les quinze jours, les enfants scolarisés du CM1 à la 6ème viennent se mettre au vert et abordent des questions aussi variées que la biodiversité végétale et animale, la saisonnalité ou encore la gestion des déchets.
Faire fleurir les jardins collectifs
Mais pour mener à bien sa mission, la Sauge ne compte pas s’arrêter là. L’association va prochainement lancer "la fabrique des jardinier.e.s", un programme destiné à former des ambassadeurs de l’agriculture urbaine. Cet accompagnement permettra aux participants de créer des jardins collectifs dans leur quartier, là où la Sauge ne dispose pas nécessairement "de contacts ou de légitimité" souligne la responsable de Terre Terre.
Le projet s’inscrit dans une véritable dynamique autour des enjeux de l’alimentation et de l’agriculture durable en milieu urbain. Selon l’Institut Paris Région, l’Île-de-France comptait plus de 1 300 jardins collectifs en 2019, contre 1 064 en 2015. Un chiffre en nette augmentation qui témoigne de la volonté des citadins de renouer avec la nature.
Florine Morestin