Publié le 25 juin 2020
ÉNERGIE
10 incertitudes qui pèsent sur la transition écologique depuis le Covid-19
Le prix des énergies fossiles, la baisse des investissements dans les renouvelables, l'exode urbain ou encore la poursuite du télétravail.... De nombreuses incertitudes liées au Coronavirus, mises en avant par le cabinet Enerdata, pèsent sur la transition écologique alors que les plans de relance des États peuvent jouer un rôle clé pour construire une société bas-carbone plus résiliente.

@CC0
1) Des énergies fossiles bon marché
La baisse du prix des énergies fossiles pourrait avoir comme conséquence une hausse de leur usage au détriment des renouvelables. En Chine, par exemple, les indicateurs montrent déjà une progression du charbon. C’est pourquoi, l’AIE et l’OCDE appellent les gouvernements à profiter de ces prix bas pour supprimer les soutiens aux énergies fossiles sans que cela ne pèse sur les budgets des ménages.
2) La voiture ressort du garage
Dans son premier bilan du déconfinement, publié le 9 juin, Airparif révélait que la pollution de l’air liée au trafic routier avait retrouvé des niveaux très élevés, jusqu'à atteindre 80 % des émissions observées avant le confinement. Une autre étude, réalisée par le Centre de recherche sur l’énergie et la qualité de l’air (CREA) confirme qu'avec la levée du confinement les concentrations en dioxyde d’azote (NO2) ont plus que doublé par rapport à la moyenne des trente jours de confinement où elles étaient les plus basses. Paris est ainsi la métropole européenne où le rebond a été le plus important.
3) Des envies de voyages lointains
Les émissions de CO2 de l’aviation ont baissé de 10 % pendant le confinement. Pour l’heure, plus d’un Français sur deux n’a pas encore réservé ses vacances d’été et seules 20 % des réservations concernent l'étranger, contre 66 % habituellement. Mais cette tendance va-t-elle se poursuivre ? Depuis le 25 mai, les destinations les plus recherchées sur Liligo.com sont la Guadeloupe, la Réunion et la Martinique, bien loin de la Métropole.
4) Les renouvelables au ralenti
L’AIE prévoit que les investissements dans les énergies renouvelables baissent de 9,6 % cette année et de 12 % dans l’efficacité énergétique. Toutefois, les énergies dites propres (renouvelables, efficacité énergétique, nucléaire et stockage par batterie) pèseront 40 % des investissements du secteur énergétique en 2020, contre environ un tiers les années précédentes. Pour respecter l’Accord de Paris, il faudrait plus que tripler les engagements concernant les nouvelles capacités renouvelables d’ici 2030.
5) Vers un exode urbain
Un Parisien sur deux rêve désormais de quitter la capitale. Mais cet exode urbain aurait de nombreuses conséquences sur l’environnement : hausse des déplacements motorisés, développement de nouveaux réseaux numériques, énergétiques et routiers, artificialisation des sols, construction de maisons individuelles… Or, l'habitat individuel est quinze fois plus consommateur d’espace que le collectif.
6) La relocalisation des chaînes d’approvisionnement
Un quart des entreprises envisagent désormais de relocaliser une partie de leurs achats en France ou en Europe, réduisant ainsi de façon significative leur impact environnemental. Mais les prix et la disponibilité liés au Made In France constituent un frein. En outre, les créations d’emploi pourraient être faibles face à la tentation de l’automatisation.
7) Le télétravail plébiscité
Plus de 20 % des salariés ont basculé dans ce nouveau mode de travail qui pourrait bien devenir la norme. Une aubaine pour le climat puisque sept Français sur dix prennent la voiture pour aller travailler, générant 57 % des émissions liées à la mobilité locale du lundi au vendredi. À l’échelle d’une entreprise de 1 000 salariés, télétravailler un jour par semaine permettrait d’éviter l’équivalent des émissions annuelles de gaz à effet de serre d’environ 37 français.
8) Le déconfinement de la surconsommation
La consommation des ménages a fondu pendant le confinement, 34 % en moins entre février et avril. Les Français ont privilégié les circuits-courts, le fait maison et les produits de qualité, plus respectueux de l'environnement. Mais le retour à la vie normale risque de modifier ces nouvelles habitudes.
9) Des aides versées sous (peu de) conditions
Le gouvernement a acté un prêt de sept milliards d’euros à Air France, en échange d’une restructuration de ses vols intérieurs, mais cette mesure ne réduirait que de 0,5 % les émissions de l’ensemble de ses vols au départ de la France, selon le RAC. Dans le secteur automobile, des subventions viennent encore soutenir l’achat de voitures essence et diesel neuves. Aucun soutien n’a encore été annoncé pour le secteur ferroviaire.
10) La lutte climatique oubliée
Le Coronavirus a mené au report des conférences onusiennes sur le climat et la biodiversité alors que l’année 2020 devait être clé. Le risque est que ces sujets soient relégués au second plan face à l’urgence que constitue la sortie de crise, comme cela avait été le cas en 2008.
Concepcion Alvarez, @conce1