Publié le 08 septembre 2020
ÉNERGIE
Plan de relance : avec plus de sept milliards d'euros, la filière hydrogène française va (enfin) changer d'échelle
C’est l’un des secteurs gagnants du plan de relance de 100 milliards d’euros dévoilé la semaine dernière par le gouvernement : l’hydrogène sera soutenu à hauteur de plus de sept milliards d’euros sur dix ans, ont annoncé ce mardi 8 septembre Barbara Pompili et Bruno Le Maire. Un changement de cap et d’échelle qui doit permettre à la France de se placer parmi les leaders mondiaux. Reste désormais aux acteurs à s’emparer de cette opportunité.

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Le plan hydrogène vient de passer de 100 millions d’euros à plus de sept milliards. Un changement de dimension pris avec le plan de relance du gouvernement, dévoilé la semaine dernière. "Le changement d’échelle est là et je tiens à faire part de notre satisfaction pleine et entière. Cela marque une accélération et illustre la prise de conscience par les pouvoirs publics que l’hydrogène est un maillon essentiel dans la transition écologique tout en créant de la valeur et en réimplantant des solutions industrielles sur notre territoire", s’est réjoui Philippe Boucly, le président de l'Association française pour l'hydrogène et les piles à combustible (AFHYPAC).
Le gouvernement prévoit de mobiliser 3,4 milliards d'euros d'ici 2023. Il s’agit de faire émerger une filière française de l'électrolyse, décarboner l'industrie et la mobilité lourde, et créer un projet commun européen avec l'Allemagne, "un airbus de l'hydrogène", pour soutenir l'industrialisation et le développement de démonstrateurs. L'hydrogène, utilisé dans l'industrie et comme carburant, est actuellement largement issu des énergies fossiles mais peut devenir "vert" en étant produit par électrolyse de l'eau avec de l'électricité issue de sources renouvelables. L'objectif est l'installation de 6,5 gigawatts d'électrolyseurs en 2030.
Des contreparties surveillées de près
"L’hydrogène, qui était hier une promesse lointaine, devient une réalité. C’est une nouvelle aventure pour le génie français et le progrès technologique au service de la cause du siècle, la lutte contre le réchauffement climatique et la protection de la planète. L’hydrogène ne résoudra pas tout mais c’est une opportunité pour les secteurs les plus difficiles à décarboner notamment dans les transports. À la clé, nous pouvons espérer une réduction des émissions de plus de six millions de tonnes d'ici 2030, c’est l’équivalent des émissions annuelles de la Ville de Paris", estime Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique.
"Vous devez vous habituer à nous voir ensemble avec Barbara Pompili, a poursuivi le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, car nous voulons faire avancer ensemble écologie et économie. Si nous aidons ce secteur, c'est aussi pour qu’il y ait des emplois, des usines et pour être les meilleurs en Europe avec l’Allemagne. Nous avons fait notre part du chemin, nous attendons de vous que vous fassiez de même en matière d’emploi et de succès technologique, car ceci n’est pas un chèque en blanc, nous devons rendre des comptes aux Français". Entre 50 000 et 150 000 emplois directs et indirects en France doivent être ainsi créés.
"Les montants sont là"
Un Comité national de l'hydrogène, présidé par Bruno Le Maire, avec les entreprises de l’hydrogène va être mis en place pour faire l’état des investissements, de la formation des salariés, et garantir la création d’emplois. Du côté des opérateurs, l’Ademe va prochainement lancer un grand appel à projets valorisant l'approvisionnement depuis les énergies renouvelables. 150 millions d’euros seront débloqués en 2021. "Les montants sont là, le sujet pour nous est d’avoir des projets qui tiennent la route et qui ont une utilité sociétale et industrielle. Si on arrive à mobiliser la totalité de cette somme, je paye ma tournée !", a lancé Arnaud Leroy, le président de l’Ademe.
Bpifrance déplore ne compter qu’une dizaine de startups de l’hydrogène dans son giron. "Il y aura assez d’argent mais maintenant il faut qu’on ait des entrepreneurs", a indiqué Nicolas Dufourcq, son directeur général. "La balle est maintenant dans le camp des déposants, qui doivent venir avec des projets différenciants alors que l’hydrogène va faire l'objet d'un programme prioritaire de recherche doté de 65 millions d'euros", a également précisé Arnaud Torrès, directeur Investissements d'Avenir et Compétitivité à l’Agence Nationale de la Recherche.
Concepcion Alvarez @conce1