Publié le 09 avril 2019
ÉNERGIE
Les centrales à charbon seront bel et bien fermées en 2022, selon François de Rugy
Le gouvernement veut maintenir son projet de sortir du charbon pour la production d’électricité dès 2022. Un rapport de RTE, le gestionnaire du réseau d’électricité, démontre que la France peut se passer de ses quatre centrales même en cas de coup dur. Un avis qui ne fait pas les affaires de la centrale de Cordemais, dans l’Ouest, qui ne serait plus utile que quelques heures par an malgré son projet de reconversion à la biomasse.

@EDF
Le gouvernement ne veut pas repousser la date de fermeture des quatre dernières centrales à charbon française. "On confirme l'échéance de 2022 par rapport aux éléments sur la sécurité d'approvisionnement que RTE nous a fournis", a déclaré mercredi 3 avril 2019 François de Rugy, ministre de la Transition écologique et solidaire, lors d'une conférence de presse.
RTE, le gestionnaire du réseau d’électricité, avait été chargé d’évaluer la possibilité de fermer les centrales à charbon au regard de la sécurité d’approvisionnement en cas de retard de la mise en service de plusieurs projets, comme l’EPR de Flamanville (Manche) ou la centrale à gaz de Landivisiau (Finistère). Conclusion, la fourniture d’électricité sans charbon demeure possible à conditions de prendre quelques précautions.
Parmi les pistes évoquées pour sécuriser l’approvisionnement, RTE cite la nécessité de mettre en place des actions pour maîtriser la consommation d’électricité. Mais aussi d’optimiser le calendrier de visites décennales du parc nucléaire, avec pour objectif d'éviter que les réacteurs d'EDF soient à l'arrêt pendant l'hiver lorsque les besoins sont plus importants.
Mauvaise nouvelle pour Cordemais
L’annonce de François de Rugy ne fait pas les affaires de la centrale à charbon de Cordemais (Loire-Atlantique), qui a présenté un projet de reconversion vers la biomasse. RTE suggère de "maintenir la disponibilité de deux tranches" à Cordemais, où l'approvisionnement est particulièrement tendu, mais que ces deux tranches ne seraient utilisées que quelques dizaines d'heures par an. Le plan d’EDF pour convertir la centrale vise un minimum de 800 heures de fonctionnement par an à partir de 2022.
"La mise en veille n'est pas une solution socialement acceptable", s’est emportée la CGT de Cordemais. L’organisation syndicale estime que la centrale doit "fonctionner au-delà de 2022 avec un nombre d'heures socialement acceptable, avec un modèle économique clair pour toutes les parties prenantes". Elle menace de faire en sorte, l'hiver prochain, que "Cordemais ne produise plus, réquisition ou pas", si la solution prônée par RTE devait être suivie.
Le Réseau Action Climat, qui réunit plusieurs ONG, insiste néanmoins sur la nécessité de fermer les centrales. "Pour lever les incertitudes, le gouvernement doit maintenant inscrire la sortie du charbon une bonne fois pour toute dans la loi et mettre des moyens pour accompagner les travailleurs et territoires impactés", déclare Cécile Marchand, chargée de campagne aux Amis de la Terre. Elle ajoute qu’il "faut aussi donner un cap clair pour la centrale de Cordemais en reconnaissant que le projet de reconversion Ecocombust ne tient pas la route".
Arnaud Dumas @ADumas5, avec AFP