Publié le 04 juin 2018
ÉNERGIE
La France veut investir 100 millions d'euros par an dans l’hydrogène
Nicolas Hulot a dévoilé le 1er juin son plan pour le développement de la filière hydrogène en France. Le gouvernement compte mettre sur la table 100 millions d'euros en 2019 pour faire de l'Hexagone le leader mondial de ce gaz qui pourrait être une des clés de voûte de la transition énergétique.

@Concepcion Alvarez
"Il ne faut pas attendre que le train parte et que la France reste à quai". Le mot d’ordre a été donné par Nicolas Hulot le 1er juin, lors de la présentation du tant attendu plan de déploiement de l’hydrogène. Le ministre de la Transition écologique et solidaire veut faire de la France le leader mondial de l’hydrogène, un objectif qu’il juge "ambitieux", mais réalisable.
Selon lui, l’hydrogène est une des clés de voûte de la transition énergétique. Ce gaz, non polluant, s’il est produit à partir d’énergies renouvelables, fournit de l’électricité grâce à une pile à combustible. "Son seul déchet c’est l’eau. Vous pouvez boire sans risque directement dans le pot d’échappement d’un véhicule à hydrogène", assure Nicolas Hulot.
Décarboner la filière industrielle
Mais aujourd’hui, en France, 98 % de l’hydrogène est produit à partir d’énergies fossiles. Il représente 26 % des émissions de CO2 de l’industrie, et 3 % des émissions totales du pays. La première étape est donc de décarboner la filière. Avec un objectif de parvenir à 10 % d’hydrogène non produit à partir d'énergies fossiles dans l’hydrogène industriel d’ici 2023 et entre 20 à 40 % d’ici 2028.
Nicolas Hulot consacrera 100 millions d’euros en 2019 à ce chantier en espérant pouvoir renouveler cette somme chaque année. Une autre partie de l’enveloppe est destinée au développement des capacités de stockage des énergies renouvelables. L’hydrogène est en effet un moyen de stockage du surplus de production des énergies renouvelables, en l'injectant par exemple dans le réseau de gaz naturel.
Bientôt des lignes de trains à hydrogène
"Cette ambition exige de changer d’échelle", assure Philippe Boucly de l’Afhypac association qui fédère les entreprises de la filière hydrogène. "C’est un enjeu économique", ajoute-t-il en évoquant la création de 150 000 emplois et la baisse des coûts des énergies renouvelables. "À horizon 2050, l’hydrogène pourrait répondre à 20 % de la demande d’énergie finale", avance-t-il.
Le gouvernement compte d’abord accompagner les industriels et ensuite développer des écosystèmes de mobilité à hydrogène. Il prévoit la mise en circulation de 5 000 véhicules utilitaires légers et 200 lourds d’ici 2023 ainsi que la construction de 100 stations. Et le réseau ferroviaire n’est pas oublié. "50 % du réseau ferroviaire de la France n’est pas électrifié", rappelle Henri Poupart-Lafarge, PDG d’Alstom. "L’hydrogène peut relancer ces lignes de manière propre", estime-t-il. Elisabeth Borne, ministre des Transports, a d’ailleurs annoncé l’objectif d’avoir un train hydrogène homologué d’ici la fin du quinquennat.
Reste aux acteurs de la filière de rattraper leur retard. Le Japon, la Chine ou encore l’Allemagne ont déjà un temps d’avance. L’Allemagne vise déjà les 450 stations de recharges pour 2025 et les nippons 1 000.
Marina Fabre @fabre_marina